Au Voyageur du Temps

Je vais me prêter au même jeu que mon confrère (c'est le cas de le dire) Aymeric, qui m'a vertement critiqué pour ma leste critique de Monster de l'autre grand maître Urasawa.

Je dois préciser que c'est ici ma deuxième lecture, quelques années plus tard, de quartier lointain. Ce qui m'attriste, c'est que ma note (7), bien que très bonne, est en dessous d'une moyenne tout à fait logique, tant la lecture de Jiro Taniguchi est toujours, est à jamais - puisque l'auteur est maintenant décédé - plaisante.

L'intrigue est simple mais diablement efficace : un homme, qui cherche à fuir sa famille - ce qui n'est pas dit de but en blanc mais c'est assez explicite - se recueille sur la tombe de sa mère, et, paf, il retombe 34 ans en arrière, à l'âge de ses 14 ans.

Stupeur ! Combien de temps, notre héros restera coincé dans ce voyage vers le passé, alors qu'il partait - dans le présent - rejoindre sa femme et ses deux enfants ?

Au départ de ce voyage dans le temps, tout est calme, avance à un rythme assez tranquille, celui d'un adolescent qui redécouvre somme toute le quotidien de son jeune âge. Mais ce qui compte chez Jiro Taniguchi, c'est le décor, l'atmosphère. Comme le personnage, on se plait à cet idylle, celui de rejouer, et d'avoir la chance de rejouer, son passé. Le plaisir de l'apprentissage, du sport...

Mais tout devient davantage intéressant quand intervient la principale péripétie de l'histoire, son noeud : celui de la disparition paternelle. Car, notre héros se souvient, cette époque est celle où sa vie à basculé, celle où son père, du jour au lendemain est parti.

S'entremêle alors une fresque du japon d'après guerre, puis de celui des années soixantes, celle d'un japon conservateur mais où notre personnage prévoit l'émancipation - s'il en est une - des femmes. Car ce dernier est tourmenté d'être à une époque dont il connait déjà le futur.

Se pose aussi la question de l'identité, du chemin de la vie, dans une histoire où les personnages sont vicitimes de la fatalité, mais cherche à la dépasser. On est pris aussi par l'histoire d'un personnage de 48 ans dans le corps d'un enfant de 14 ans, incertain dans son comportement, et parfois, oui, "beauf".

Enfin intervient le retour du voyageur du temps. Je m'arrête là pour cette fois.