Avec Quelques minutes avant la fin du monde, cinquième tome des Notes, Boulet nous sert un cocktail explosif de réflexions absurdes, anecdotes du quotidien, et envolées imaginaires. À mi-chemin entre le journal intime et la science-fiction délirante, cet album nous rappelle que même face à l’apocalypse, il reste toujours du temps pour un bon jeu de mots.
Boulet, fidèle à lui-même, jongle avec un mélange détonnant d’humour et de philosophie de comptoir. Ses réflexions sur les grandes questions existentielles – la vie, la mort, pourquoi les chaussettes disparaissent-elles dans la machine à laver ? – sont servies avec un ton pince-sans-rire qui fait mouche à chaque case. Et lorsqu’il se lance dans des délires visuels, comme imaginer la fin du monde à travers des nuées de pigeons mutants, on est happé dans un univers où l’absurde est roi.
Graphiquement, le trait de Boulet est fluide et expressif, alternant entre des planches foisonnantes de détails et des cases minimalistes où un simple regard suffit à tout dire. Le choix des couleurs, souvent limité mais toujours efficace, apporte une ambiance particulière à chaque récit, qu’il s’agisse d’une rêverie sur les étoiles ou d’une anecdote sur les joies de la procrastination.
Mais derrière l’humour et les fantasmes apocalyptiques, il y a une vraie profondeur dans cet album. Boulet explore avec finesse les petites angoisses du quotidien et les grandes questions sur le passage du temps, tout en gardant ce regard décalé qui fait sa marque de fabrique. On rit, on réfléchit, on se demande si on devrait vraiment attendre le dernier moment pour sortir les poubelles, même si la fin du monde est imminente.
Cependant, comme tout recueil de chroniques, Quelques minutes avant la fin du monde n’échappe pas à quelques longueurs. Certaines anecdotes, bien que drôles, paraissent un peu moins marquantes que d’autres, et les variations de ton peuvent parfois dérouter. Mais Boulet compense largement ces petites faiblesses par sa capacité à captiver le lecteur avec son style unique.
En résumé, Quelques minutes avant la fin du monde est un savoureux mélange de rires, de questionnements existentiels, et de fantaisies apocalyptiques. Un album parfait pour se rappeler que même quand tout s’écroule, il reste toujours un peu de place pour la dérision.