"J'ai failli mourir ce soir..."

J'ai pensé à vous tout la journée, et... quand l'adrénaline d'avoir échappé à la mort a disparu de mon système - ce qui n'est en soi jamais agréable - ... j'ai eu envie de vous voir.

Je me reprends le run de Bendis depuis le début. Et quel début! Le scénariste débarque sur une franchise qui si elle n'a pas coulé lors de la période Marvel Now, n'a pas su se trouver non plus. Il décide de revoir l'ensemble du supporting cast, de modifier l'atmosphère, les enjeux, le rythme... la seule chose qui demeure est en vérité le héros. Oui on garde ce même Tony Stark imbus de lui, malgré tout au grand cœur, obsédé par ses armures et séducteur incorrigible.

Avec style, Bendis refond donc le titre selon sa vision des comics. C'est un arc introductif dont l'intérêt est de nous plonger dans la vie personnelle de Tony, de comprendre ce qui l'anime, ses tracas quotidiens, ses états d'âme... Cette introspection passera par le contact avec de nouvelles personnes. On peut citer un Fatalis dont les intérêts ont radicalement changé depuis Secret Wars, une certaine biologiste talentueuse à qui notre riche héros va se confier dans une scène de dialogue saisissante à couper le souffle (d'autant plus belle qu'on trouve un Tony perturbé après avoir frôlé la mort, la remise en question du classique "combat contre des super vilains de l'épisode" est bluffante), son IA Friday qui bien souvent apporte l'élément comique avec brio, Mary Jane vers la fin de l'arc - encore une fois avec le dialogue dans le parc mené de main de maître.

Vous l'aurez compris, énormément de dialogues, pour lesquels Bendis fait parler son talent qu'on avait cru perdu fût un temps durant ses Avengers, mais qui remontait en puissance sur ses x-men et qui ici sont vraiment excellents (et cela continuera dans la série International Iron Man). Mais évidement il y a de l'action, des combats et une intrigue pour donner de la cohérence à l'arc. Madame Masque occupe le rôle du vilain de service. Sa folie obsessionnelle et son passif avec Tony apportent un peu de piment au tout, mais ce qui est glaçant reste ses nombreux meurtres de sang froid.
Pour l'action, on retrouve une flopée de situations afin de mettre en avant la nouvelle armure adaptative de Tony. Sincèrement, c'est de l'ordre du gadget car cet élément sera très peu repris dans la suite du run. Mais ça fait partie des points intéressants de l'arc, avec quelques utilisations intelligentes et le plus souvent permettant des mises en scènes originales.

Et comme dans tout début de run un tant soit peu intéressant, on retrouve à la relecture de nombreuses pistes pour la suite. En conséquence je ne les listerai pas car ce serait de potentiels spoilers, mais un grand nombre de phrases ou d'objets ou de lieux ne sont pas là par hasards (certains n'auront qu'un impact tout limité mais n'empêche que les graines de bases sont plantés ici).

Je ne lui réserve que peu de place dans ma critique, mais Marquez donne bien 60% de son charme à ce comics. Si Madame Masque est si saisissante, il ne faut pas chercher bien loin. Si Mary Jane a quelque chose de plus c'est parce que Marquez est passé par là. Si l'atmosphère est aussi bien posée, c'est en grande partie sa responsabilité. Même les ninjas technologiques - qui vont par la suite gangrener ce run - se montrent intéressants à suivre sous son coup de crayon.

En conclusion, un premier arc qui sans annoncer de grandes promesses, livre une bride de vie, un morceau d'existence de son héros, avec une sincérité non feinte. Et forcément on en redemande. Dans mes souvenirs, l'erreur est alors de se précipiter sur l'arc suivant (les War Machine) quand la bonne idée est en fait de se tourner avant tout vers International Iron Man. On verra si après relecture des deux, mon avis demeure.