L'ensemble des mes critiques sur l’œuvre de Junji Ito:
https://www.senscritique.com/liste/Mes_tribulations_horrifiques_au_coeur_de_l_oeuvre_de_Junji_I/1956531
Sorti en 2005 au Japon, un recueil que j'ai étonnamment beaucoup plus apprécié en 2e lecture qu'en 1ere. Cela est sans doute dû au fait que Ito prend ici son lecteur par surprise en l'entraînant, avec ce "Rémina, la planète de l'enfer", dans une histoire continue assez éloignée de ses bases habituelles, soit de la SF apocalyptico-cosmique avec une bonne grosse pointe de grotesque: une planète des plus étranges s'approche à toute vitesse de la terre, faisant disparaître tous les astres qui se retrouvent sur sa route...Récit de fin du monde qui m'a évoqué notamment "l'étoile mystérieuse" de Tintin avec ses mouvements de foule totalement irrationnels, Ito nous y offre en outre des scènes horrifiques véritablement dantesques en jouant sur l'horrible apparence de la planète Rémina et de sa surface d'astre maudit (où Ito enverra d'ailleurs certains de ses protagonistes en exploration). Les tous derniers chapitres tombent cependant dans ce registre grotesque paroxystique que Ito affectionne tant (les séquences "de vol", la conclusion): le tout n'est pas détestable, on apprécie ou pas, mais n'atteint de toute évidence pas les sommets des chapitres qui précèdent.
Au final, ce recueil n'est clairement pas à conseiller pour découvrir l’œuvre de Junji Ito (en première approche), mais plutôt recommandé pour les amateurs "confirmés" du maître qui souhaiteraient s'ouvrir aux volets les plus étranges de son œuvre protéiforme. S'il est bien quelque chose qu'on ne peut pas reprocher à l'auteur, c'est d'être toujours resté cantonné dans sa zone de confort au cours de sa carrière! Un essai intrigant, même très souvent séduisant et captivant, avec une vraie dimension expérimentale et aventureuse pour défricher de nouveaux champs dans le genre horrifique.
Le recueil se conclut par une histoire courte marquante, "Des milliards de solitudes", qui marque par son concept aussi horrifique que graphique (des cadavres retrouvés nus littéralement cousus les uns aux autres); si Ito, comme parfois, se retrouve un peu en peine d'exploiter à son plein sa géniale idée de départ (qui évoque à certains égards sa fameuse histoire "les ballons aux pendus"), il est tout du moins parvenu dès les premières planches à plonger le lecteur dans un profond malaise...