Ressources: un défi pour l’humanité est une bande dessinée ludique et didactique, générant des thématiques variées autour de la technologie, la nature mais aussi sur la posture humaine face à la surproduction généralisée de biens de consommation devenus incontournables ( comme le portable et la voiture). En se mettant en scène avec des véhicules originaux ( des dinosaures, une baleine, des voitures ou même un train), Philippe Bihouix et Vincent Pierrot ont la volonté de détendre un lecteur face à la somme d’informations et de vérités qu’ils lui dispensent. L’effet est à double tranchant car les sujets qu’ils abordent sont tout de même sérieux et que la récréation visuelle a ses limites par moments. J’avoue avoir pris plus d’intérêt à parcourir les annexes de l’album sur les sujets abordés que regarder ces deux messieurs épuiser leurs images d’eux-mêmes lassantes et répétitives ( à travers même le gosse d’un des deux auteurs). Je pense que Ressources: un défi pour l’humanité aurait pu même se fendre de bulles plus modestes pour exister uniquement pour son sujet. Au niveau de la documentation utilisée, cet album est une mine de chiffres, d’anecdotes, de points de vue scientifiques ou même littéraires et c’est sa principale qualité. L’organisation inspirée des sept chapitres permet une diffusion progressive des connaissances ne noyant pas le lecteur sous un flux indigeste de sujets. Le petit plus est de relier certains chapitres entre eux en renvoyant à des problématiques déjà exposées. J’ai beaucoup appris sur l’utilisation des métaux créant en amont une exploitation catastrophique de gisements. L’interdépendance ne s’arrêtant pas là car les eaux de la planète sont souillées par ces minerais qu’on ne recycle jamais suffisamment. De fil en aiguille, les deux auteurs parviennent à nous faire prendre conscience des engrenages de nos cercles vicieux, de nos mauvaises habitudes productivistes toujours répétées au nom du chiffre et du confort moderne. Beaucoup de lecteurs ouvriront les yeux sur les chimères du progrès technologique et seront glacés par l’épuisement continu des espèces animales depuis une cinquantaine d’années. Dans ce voyage, reste la certitude que l’homme persiste, se voile la face malgré des alternatives de vie possibles et salutaires. Une infime remise en question de nos circuits consuméristes et une sanctuarisation de nos ressources végétales et animales pourrait déjà renverser la donne. Un espoir hypothétique où la Terre ne pèse décidément plus lourd face à des businessmen assoiffés de richesses et prompts à diffuser l’argument technologique avant tout. Nous vivons une époque formidable, le progrès fait rage comme disait l’autre…