Continuant ma lecture du run de Bendis, après Civil War II, je m'attaque à la nouvelle mouture d'Invincible Iron Man. Pour le scénariste, il s'agit d'apporter une dernière pierre à l'édifice Marvel en créant une nouvelle héroïne prête à prendre la relève de la vieille génération. Les présentations avec Tony Stark s'étaient fait précédemment, mais la fin abrupte de la guerre civile pousse Riri à s'assumer plus tôt que prévu.
Dans ces premiers épisodes, Bendis doit faire passer un personnage qui grandissait jusqu'ici dans l'ombre, au premier plan de son run. Il doit l'installer comme une héroïne crédible, tant dans le cœur des lecteurs, qu'au sein de la continuité Marvel. Pour le premier objectif, cela passera essentiellement par des flashbacks. Ainsi, on découvre l'enfance de la jeune Riri, afro-américaine issu d'un milieu social modéré et surtout ayant subi un profond traumatisme à l'aube de son adolescence, des balles perdues ayant brisé son innocence. Le lien entre la jeune fille et sa mère semble particulièrement fort, bien que le rôle de mentor dans son initiation échoit à Tony Stark... alors sous forme d'une IA à corps holographique. Ce personnage un peu sorti de nul part permet de garder l'aura du héros sur ce run, de bien transmettre la notion d'héritage qui tombe sur les épaules de Riri, mais ça reste une idée un peu superficielle et facile de la part de Bendis.
En ce qui concerne l'intégration à l'univers Marvel, Bendis met les petits plats dans les grands et passe par un cheminement d'étapes logiques. Riri fait ses premiers combats contre des méchants de seconde zone, rencontre des personnages (récents ou anciens) importants dans la mythologie de l'homme de fer, participe à ses premiers team-up (dont un hors champs avec Miles Morales) collabore plus ou moins avec le Shield et reçoit logiquement une offre de la part des Champions - groupe qu'elle avait rapidement rencontré lors d'une scène de Civil War II. Honnêtement c'est nickel pour cet aspect.
Par contre, le gros défaut de l'arc reste ce climax raté, où Bendis se repose maladroitement sur ses ninja technologiques. Pourquoi en veulent-ils à la gamine? Quels étaient leur plan sur le sol américain? Déjà on a un sérieux manque d'explications, mais surtout la partie action frôle le ridicule avec des hommes de main incompétents, des combats pittoresques, un étirement inutile de la scène et enfin une astuce pour gagner peu convaincante. Bref, Bendis avait lancé cette piste de la mafia japonaise dès le début de son run, il est bien triste de la voir seulement aboutir à cette fin.
C'est donc un début de série très décompressé, où l'équipe créatrice prend son temps, refuse de se lancer dans une histoire d'ampleur et préfère construire solidement la caractérisation de l'héroïne et la mise en place de son background. C'est plutôt correct et finalement le paris d'imposé Riri en tant qu'Ironheart parait en bonne voie, même s'il est clair qu'une fois de plus pour Bendis, la qualité du titre revient en grande partie au dessinateur, Stefano Caselli qui sait donner un style à la série (perso je suis fan de ses pages d'intro d'épisode).