Comme beaucoup de gens, Roald Dahl fait partie de mes lectures d'enfants (et les adaptations en film ont contribué à la plongée dans l'univers Dahl-ien). Sacrées Sorcières a du faire partie de ma boulimie de lecture de l'époque mais je n'en conserve aucun souvenir contrairement à d'autres titres comme Matilda, Charlie et la Chocolaterie ou même La Potion magique de Georges Bouillon. Du coup lire la BD de Pénélope Bagieu c'était re-découvrir le roman sous une toute autre forme et avec une toute nouvelle narration.
Ne soyez pas refréné par l'aspect visuel du dessin qui rappelle les albums pour enfants. Le cadrage de l'action, le jeu des plongées et contre-plongées accentuent la pression ressentie par les protagonistes et chaque action demeure parfaitement visible. Les protagonistes sont attachants, tout en courage mais aussi plein de doutes et de remises en question face à cette profonde menace que sont les sorcières. J'ai une affection particulière pour la grand-mère : colorée, semblant presque l'archétype de ces tantes sans âge et sans mari, femmes à jamais émancipées et libres, elle a aussi tout de la mamie-gâteau avec les sobriquets dont elle affuble son petit-fils.
Avec Pénélope Bagieu, Bruno, le second protagoniste qui va devenir l'ami du héros, devient une fille dont les parents aiment le bio et pratiquent le yoga. (Oui, le récit est transposé dans notre monde actuel ce qui prouve que le message est toujours d'actualité et permet mieux au public de s'identifier à tous ces personnages) Elle n'a pas la langue dans sa poche, fait preuve d'intelligence et de courage, piquante envers le héros tout en reconnaissant ses talents. Le duo fonctionne parfaitement.
Le héros a tout du garçon de huit ans, débrouillard et plein d'idées, courageux voire fougueux mais proprement terrifié à proximité des sorcières (et on le comprends). Ces dernières sont d'ailleurs entre la peur et la comédie. Autant la Grandissime a tout de la méchante ignoble et exécrable, autant ses sbires prouvent leur incompétence à chaque moment de la réunion des sorcières. Un aspect, parmi d'autres, qui confèrent à Sacrées Sorcières un côté cartoonesque.
Que vous soyez un adulte ou cherchez un cadeau pour un enfant, Sacrées Sorcières est un excellent choix. Il propose un récit d'aventure avec ce qu'il faut de fantastique, et quelques réflexions pouvant aussi bien être lues par les adultes que les enfants.
La scène de fin où la grand-mère et son petit-fils parlent des années qu'il leur reste à vivre est très émouvante. Selon eux, ils mourront plus ou moins en même temps, ce qui rassure le petit fils. "Car je ne veux que toi pour t'occuper de moi" confie-t-il à sa grand-mère.