Sailor Twain où La sirène dans l'Hudson par Nilo
Le capitaine Twain, sérieux, rigoureux et puritain, assure la direction de la Lorelei, fier palace à vapeur qui sillonne le fleuve Hudson. Seule ombre au tableau : le propriétaire du navire est un français dépravé, Lafayette, et Madame Twain, jolie jeune femme à la voix d'or, est clouée dans un fauteuil roulant. C'est d'ailleurs pour elle que Twain a accepté ce métier, depuis qu'il n'arrive plus à produire quoi que ce soit digne d'un écrivain. Puis tout bascule lorsqu'il se porte au secours d'une sirène, qu'il a retrouvée blessée accrochée à son bateau. De là, tout bascule, et Twain commence à entrapercevoir un envers au décor, une alternative à la réalité qui l'oblige à changer son point de vue sur tout son monde. Mark Siegel nous propose un conte fantastique au long cours, mais remarquablement fait, qui réussit l'air de rien à plonger le lecteur dans un univers mystérieux et poétique. Le dessin, qui confère au héros un visage caricatural avec des yeux en gros ronds et un nez en pyramide, est faussement naïf. Il réussit à créer une atmosphère embrumée propice à l'imagination, mais toutefois limpide sur les expressions et certains détails. Malgré l'abondance de pages et de scènes, (très) peu de choses sont inutiles, tant l'histoire d'ensemble est bien construite et pensée. L'auteur se fait remarquable conteur, disséminant les pièces du puzzle et utilisant à merveille le support de la bande dessinée. A lire, pour le voyage, et à relire, pour l'histoire.