Ombre et lumière

Sanctuary prend place durant la fin du miracle économique japonais, peu avant la fameuse bulle spéculative japonaise, ce qui se ressentira fortement au fil des tomes, entre autre, de par le désir ardent des deux protagonistes de maintenir le Japon au sommet malgré son déclin imminent.

Sanctuary part d'une idée simple: les deux protagonistes, respectivement Akira Hojo et Chiaki et Asami, agissent l'un dans l'ombre, l'autre dans la lumière afin de batir leur Sanctuaire. D'entrée, Sanctuary frappe de par son thème de la politique qui n'est que trop rare dans le médium, thème qui -fatalement- en apprendra plus au lecteur sur le système politique japonais, notamment sur le déroulement des élections ou encore les différents partis politiques.

L'ascension est quelque chose d'intéressant, elle permet de voir comment l'auteur d'une oeuvre la conçoit et ce qu'il met en oeuvre pour y faire parvenir ses personnages. Généralement, l'ascension mettra à rude épreuve le leadership du protagoniste. Le leadership, autre notion majoritairement absente de ce médium, est un autre point qui vient s'ajouter à l'originalité de Sanctuary, il n'est pas question ici d'un charisme fictif octroyé au personnage principal par la seule force de son auteur. Le leadership dont fait preuve Chiaki Asami est réaliste, il se base sur la responsabilisation d'autrui, il tentera de faire en sorte que le peuple prenne conscience du poids qu'a son vote et des conséquences qui en résultent. C'est cette responsabilisation du peuple qui hissera Asami au sommet.

À partir d'ici il y aura des spoils.

Plus haut je parlais du duo qu'incarne nos deux protagonistes, je disais qu'ils agissaient sur deux fronts différents. Cette relation a, au fil des tomes, évolué. Désormais, Hojo désire faire de la politique et agir en plein jour à l'instar d'Asami, de ce fait les récentes décisions d'Hojo (intégrer les yakuza à la société) font sens. Néanmoins, faire agir Hojo en plein jour afin qu'il fasse de la politique n'était pas nécessaire. En effet, Hojo et Asami sont très similaires: calme, réfléchi, charismatique, etc. Bref, ils ont les mêmes traits de personnalité en plus d'avoir le même background (leur périple au Cambodge auquel sera fait référence maintes et maintes fois). Leur seul élément distinctif était le poste que chacun d'entre eux occupait; ainsi, en accordant le poste d'Asami à Hojo, Hojo devient en quelque sorte Asami, rendant ce dernier obsolète. Ce qui se confirmera par la suite étant donné que les auteurs, ne sachant que faire d'Asami, décideront de mettre fin à ses jours graduellement.

Autre hic: le côté satirique de la population âgée. L'écrasante majorité des personnages la voit comme un mal, à part Isaoka et son parti. Même certains des rares défenseurs de cette population changeront d'avis, notamment Kariya. Face à cette absence de contre-balancement, ça n'a au final que peu d'intérêt, si toute la population semble penser ainsi, où est la critique ?

En conclusion, Sanctuary est un classique du manga qui, malgré son thème surexploité des yakuza, est plus original qu'il n'y paraît en plus de bénéficier d'un dessin appréciable.

Lu du 4/04/20 au 25/06/20