Au moment où le graphisme - virtuose sur les 6 premiers tomes - descend légèrement d'un cran, l'histoire devient passionnante. Il faut croire que Benitez avait besoin de laisser les crayons à d'autres pour se lâcher complètement.
Le bémol est, qu'aussi excellent cet arc soit-il, il nécessite d'être bien à jour sur la série pour l'apprécier pleinement et à minima d'avoir lu les tomes 1-2-4 et 6 de la parution française. En effet, il reprend certains éléments égrenés précédemment comme certains propriétés du sang, les légendes Mexicaines et la guérison miraculeuse de l'héroïne au tome 4 ou le choix douloureux du tome 6 dont elle doute encore de la justesse.
Nous quittons Londres pour un cadre espagnol. Un adolescent catatonique, une histoire d'exorcisme, l'homosexualité de la victime : c'est le cadre de notre enquête qui laisse penser que les démons dont on nous parle peuvent bien être beaucoup plus humains qu'on ne le prétend, avec une thérapie à l'électricité pour guérir certains "péchés" de l'époque. Mais quel rapport avec ces flashbacks d'Aztèques au temps de la conquête du nouveau monde ?
Magie, science et diverses influences culturelles se mélangent dans une intrigue qui cache remarquablement bien son jeu, où la morale n'est jamais blanche ou noire, avec un tome où aucun véritable "méchant" ne peut être pointé du doigt, tout autant qu'aucun héros ne se dégage, Lady Mechanika étant elle-même plus que jamais prise de doutes après avoir forcé la main à son ami au tome précédent dans sa relation mortelle avec une créature surnaturelle.
Attention, je conseille de ne lire la suite de la critique qu'après avoir lu le tome.
A noter que si la connexion entre la marginalité de l'homosexualité et les vampires n'est pas une innovation de cette œuvre, c'est fait avec un doigté agréable.
Il est aussi très plaisant de remettre sur la table l'aspect "fantastique" au sens classique du tome 4, où l'on ne savait alors pas vraiment si Lady Mechanika avait oui ou non été possédée par l'esprit de la dame de la muerta. Ce tome, sans trancher définitivement, nous fait plutôt pencher en faveur de la thèse surnaturelle.
De plus, Benitez nous lâche un os à ronger concernant les origines de notre héroïne, avec ce sang cousin de celui des vampires et ces yeux rouges similaires ; ainsi que cette réplique comme quoi elle aurait pu déjà croiser des vampires sans en avoir connaissance. Certains événements intrigants du tome 2 avec les gens du voyage, reviennent à l'esprit du lecteur.
Enfin, malgré un dessin moins incroyable que précédemment, il est tout à fait correct et ne gêne pas la lecture. Certaines scènes restent incroyablement puissantes dans l'aura qu'elles dégagent, comme la naissance de la madrina dans le flashback du sacrifice rituel.