Santetsu : 11 mars 2011 - Après le cataclysme par Le_bibliophage

Santetsu est le récit du combat des employés d'une compagnie de chemin de fer au lendemain du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars 2011. La ligne de chemin de fer, dite Santetsu, est célèbre pour longer le littoral au nord de l'ile principale du Japon. Dès le lendemain de la catastrophe, sous l'impulsion du directeur de la compagnie ferroviaire, tous les employés vont s'atteler à remettre le train en marche. Il leur faudra seulement huit jours pour ré-ouvrir un tronçon au public. C'est à la fois un combat pour survivre au delà du choc de la catastrophe et le symbole de la volonté de ses gens qui refusent la fatalité de leur situation de précarité.
Cette histoire nous est racontée à travers le témoignage de nombreux employés. On est impressionné par ce que ces gens ont pu vivre. Malgré la difficulté de la situation, tous se mettent au travail, conscient de l'importance de leur tâche dans la reconstruction à venir. Il y a une abnégation comme seule les situations les plus extrêmes sont à même de créer.

Koji Yoshimoto, dont c'est le premier manga traduit en français, nous livre un récit très sobre et précis sur le combat de ces petites gens. C'est par le biais de son éditeur, qu'il va s’intéresser à cette histoire. D'abord hésitant, il se laissera complètement happer par les rencontres qu'il fera au fil de son voyage sur place en août 2011. Son trait est simple et efficace. Il n'y a pas de démarche artiste propre, mais plutôt la volonté de se mettre au service de son histoire. Il évité l’écueil du pathos en se concentrant sur la détermination de ces gens.

Le reportage en bande dessinée est un genre qui se popularise pas mal depuis une quinzaine d'années. C'est souvent une démarche intéressante qui permet de toucher un public plus large qu'à l'accoutumée. De nombreux sujets sont ainsi abordés et chacun en fonction de ses affinités peu trouver une bande dessinée à son goût. Cela dit on peut quand même observer deux façon assez différentes d'aborder ce type de sujet. Il y a le roman graphique pur, travaillé comme une œuvre globale tant dans le fond que dans la forme. C'est beau mais par cette démarche, pour moi, l'égo de l'auteur prend le pas sur le sujet. Ce qui est tout a fait le cas de Guy Delisle qui devrait penser à se renouveler. La seconde forme est plus simple. L'auteur se met au service de son récit et non l'inverse. Par son investissement complet, il est a même de servir efficacement son propos. Cela peut sembler plus abrupt à aborder mais souvent cela en devient plus fort ou intéressant. Pour moi cela correspond à la démarche de Joe Sacco.

Koji Yoshimoto explore clairement cette seconde voix. Son manga est simple et sincère. C'est un beau livre qui se dévore avec intérêt.