Après un premier tome réussi, « Voyage en Satanie » s’arrête. Pourtant, l’histoire était prévue comme un diptyque. On imagine des ventes insuffisantes et voilà qu’on reste sur notre faim. Heureusement, les éditions Soleil finissent par reprendre le projet et sortent « Satanie », l’intégrale de l’histoire. Le fait que l’histoire soit publiée dans la collection Métamorphose explique la sortie en intégrale, mais lèse clairement les premiers lecteurs. Finalement, Satanie est une façon de retenter le coup pour les auteurs avec leur histoire. Pour ceux qui ont déjà acheté le premier tome, merci de repasser à la caisse… Voilà qui est vraiment dérangeant pour le coup.
« Voyage en Satanie » présente une expédition recherchant dans des grottes le frère de Charlie, une jeune fille rousse. Ils vont alors découvrir tout un univers souterrain, infernal. Le premier tome sombrait un peu dans l’action débridée et après les premières surprises laissait un peu songeur. Qu’allait donner la suite ?
On peut être rassuré, cette suite justifie parfaitement l’idée de départ du diptyque. Après une fuite en avant vers les entrailles de la Terre, place à l’observation et à l’analyse de ce nouvel univers. Les auteurs y ajoutent quelques explications pseudo scientifiques satisfaisantes et la partie psychologique des personnages est bien traitée.
Après la descente se posera aussi la question de la remontée. Comment revenir ? Et nos héros veulent-ils seulement revenir ? L’aventure et l’action reprennent logiquement leurs droits et explosent sur les doubles pages de Kerascoët.
La grande force de l’ouvrage est la création d’un univers complètement original dans « Satanie ». Après des prémices dans le premier tome, le second va plus loin encore. Organique, sensuel, il possède une atmosphère différente. Quel dommage ! Les auteurs avaient bien pensé leur bouquin en le proposant en deux parties…
Difficile de ne pas applaudir le travail des Kerascoët dans cet ouvrage et notamment dans la deuxième partie. Que d’inventivité ! Si les personnages sont dessinés avec un trait presque naïf, les bestioles sont particulièrement réussies, inquiétantes, et les décors grandioses. Le mélange fonctionne parfaitement, porté par des couleurs qui donnent toute la force des ambiances du livre. Les quelques grandes ou doubles pages surprennent le lecteur et le marque. Et on n’hésite pas à rouvrir le livre juste pour analyse en détail certaines grandes cases. La création d’un univers rappelle le travail remarquable de Frédérik Petters sur « Aâma ». Il y a pire comme référence !
Si on s’affranchit des problèmes éditoriaux, ce « deuxième » tome de « Voyage en Satanie » tient ses promesses. Inventif, graphiquement époustouflant, original, c’est une belle aventure à découvrir. Il n’est pas exempt de défauts, mais il serait dommage de bouder son plaisir devant un bouquin doté d’une forte personnalité.