L'un était la lumière, l'autre les ténèbres

J'ai lu avec ferveur l'ANAD Marvel, période qui avait beaucoup d'excellentes idées, certaines moins réussis, mais surtout une énorme cohérence (peut-être moins que lors de Marvel Now, mais supérieur à l'Heroic Age et largement plus que le fresh start). Les deux points d'orgues de cette période ont été les events Civil War II et Secret Empire.


La préparation de Secret Empire a été exigeante, étalé sur près de deux ans, apothéose du travail de Nick Spencer chez Marvel. Enfin c'était la théorie, car en définitive j'ai préféré la mise en place à son aboutissement.


Alors il y a des qualités indubitables à cet event. Andrea Sorrentino au dessin apporte une plus-value considérable, lui donne un aspect graphique dur en osmose avec le ton du récit. Ses découpages permettent une mise en valeur remarquable de certaines scènes :


sa double planche sur la mort de Black Widow mérite à elle seule d'être encadrée!


Le début, avec une narration posée, douloureuse, résignée, marque considérablement. C'est le récit d'une chute, d'un coup d'état totalitaire au pays de la démocratie et des super-héros. Suivi d'une descente en enfer, d'une histoire de résistants. Voilà l'ADN donné au début de Secret Empire... une guerilla de la dernière résistance, avec deux camps d'enfermement pour les menaces au régime (New York et au-delà du bouclier), un monde où les résistants se font fusillés quand on les arrête, où la jeunesse subit le bourrage de crâne de l'Hydra. Et dans cet apocalypse Marvel, deux figures se dressent pour mener leurs frères au combat contre l'oppresseur: l'un était la lumière, l'autre les ténèbres.


Et c'est là que tout dérape. Car si la quête de Black Widow pour assassiner Herr Rogers a des bons passages (la scène de torture, la rencontre avec le Punisher, la scène du capitole), celle de Stark galère davantage dans l'écriture. Cette recherche des fragments ne rime à rien, amène du ridicule (l'horreur du repas d'Ultron qui à l'époque m'avait fait arrêter la lecture kiosque de l'event). Sans fil rouge digne d'intérêt de ce côté, Spencer se perd un peu, et les lacunes sur les développements de certains personnages apparaissent grandissantes.


Quand vient le troisième acte, on n'a finalement guère plus avancé... Spencer se voit alors contraint de déclencher une grande offensive à la va vite. Et évidemment, comme il ne va pas au bout de ses idées, il confronte le méchant Captaine au bon Captaine, n'assumant pas ses intentions initiales d'en faire un seul et même personnage, qui aurait dû se confronter à ses propres actes une fois sa réalité rétablie.


Histoire hybride, aux intentions pas toujours réalisées, aux maladresses certaines, mais avec une tonalité comme peu d'events en ont, capable vraiment de nous faire ressentir la chute d'un univers... Secret Empire ne restera pas dans les mémoires alors qu'il aurait pu briller de mille feux. Déjà deux ans après, plus personne n'en parle à vrai dire.

WeaponX
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le 13 janv. 2020

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