Je ne savais pas que c'était tiré d'un roman, mais pour une fois ça donne envie de le lire sans que la BD ne soit en reste. En effet, c'est une excellente BD qui n'est pas juste « la même histoire mais pour les gens qui n'aiment pas lire », mais bel et bien une œuvre à part entière qui arrive, grâce au travail de ses auteurs à véhiculer des émotions à l'aide des spécificités du médium. Ici tout n'est pas basé sur l'histoire (simple et belle), mais ça passe également par les dessins, simples tout en ayant leur propre personnalité (on n'est pas face à un dessin déjà vu mille fois comme ça se fait parfois lors d'adaptation foireuses en BD).
L'ouvrage a beau être volumineux, ça se lit très vite et très bien, il n'y a pas de superflus, tout va à l'essentiel.
On retrouve pas mal d'éléments marquants du régime chinois, le culte du chef, l'impossibilité d'écorner son image et puis le fait que les chinois sont énormément, que monter dans la hiérarchie est très difficile, voire impossible. Et puis il y a cette devise : servir le peuple, devise magnifiquement bien détournée dans une histoire d'amour, comme toutes les bonnes histoires d'amour, tragique.
Forcément on se prend de sympathie pour ce personnage qui fait tout pour être un bon communiste, pour monter dans la hiérarchie, pour rentrer au parti afin de satisfaire sa femme et son beau-père. Mais on voit surtout la puissance du régime, comment il peut faire peur, et l'importance du statut social même dans un pays communiste.
Vraiment, c'est une plongée des plus belles dans la Chine maoïste, c'est bourré de cette violente tendresse qu'on ne retrouve que trop rarement. C'est sans mièvreries, juste de l'amour, souvent brutal... comme peut l'être l'amour.