Ça commençait pourtant bien, en effet, la lecture des premiers tomes est assez réjouissante : les thèmes abordés sont ceux classiques du shõnen : amitié, initiation, adolescence… Rien qui ne transcende le genre mais grâce à des personnages réussis le manga d’Hiroyuki Takei parvient à se démarquer dans un genre bourré de codes.
Ainsi le duo formé par deux personnages en complète opposition (la puce surexcitée Manta et le je-m’en-foutiste Yoh shooté à la musique de Bob (Marley bien sûr)) permet quelques bonnes touches d’humour. Les personnages secondaires savent aussi se montrer marquants : que ce soit le voyou au grand cœur Bukutou no Ryu, le pote surexcité Horohoro (qui prendra le rôle de Manta pendant quelques tomes (9 à 11 environ)), le classique rival Ren (un Végéta en puissance).
Mais là où l’auteur parvient à se démarquer, c’est grâce à deux concepts : « La personne qui voit les fantômes ne peut être mauvaise » et « Tous les esprits peuvent être sauvés ». Deux concepts qui lui permettent d’éviter le manichéisme et de développer des personnages attachants. Malheureusement Takei va lui-même détruire son manga en ne les respectant pas.
Première erreur : Hao :
Avec l’apparition de cette incarnation du mal, Takei détruit tous les efforts mis en place dans les premiers tomes. D’autant plus, qu’un brin trop enthousiaste, il en fait un personnage bien trop exagéré. Sa puissance est telle, qu’il n’a jamais su comment faire en sorte que les héros puissent lui arriver à la cheville.
D’où une série de tomes barbants, où l’auteur cherche comment s’en sortir, malheureusement ni les lecteurs, ni son éditeur, n’auront la patience de le laisser faire et le manga finira prématurément à cause du manque de rythme des derniers tomes.
Deuxième erreur : les X-laws
C'est peut-être un peu extrême de dire que ces personnages sont une erreur. Ils ont quand même une certaine utilité et permettent d’aborder des thèmes classiques comme la justice et la vengeance.
Mais, avec leurs anges robots, ces personnages sont représentatifs du constat qui se dresse vers le tome 15 : l’œuvre est en train de sombrer esthétiquement. Les personnages ne dégagent plus de charisme, les « over soul » deviennent de plus en plus gros et de plus en plus moches (la perle va aux gants de Hohororo d’une infâme laideur).
Tout cela n’est pas arrangé par l’apparition dans le tome 13 d’un personnage ridicule : Chocolove. Rien que le nom du personnage est laid et les touches d’humour qu’il apporte tombent toujours à plat.
Pourtant au milieu de toutes ces erreurs, Takei cherche en vain à se raccrocher à ses bonnes idées. Il n’hésite à briser la linéarité du tournoi en bourrant le récit de combats secondaires, à faire un flash-back de près de deux tomes pas si inintéressant (la meilleure partie de ce qui se passe après le tome 15 sans aucun doute).
Mais ce n’est pas ces idées, assez bonnes et qui parviennent à donner un peu d’originalité à l’ensemble, qui lui permettent de restructurer correctement son récit… Au contraire, il s’embrouille de tomes en tomes avec une surabondance de personnages secondaires aussi insignifiants les uns que les autres.
Alors il tente de le restructurer dans les deux derniers tomes en allant vers une linéarité « Saint Seiyesque », lui qui avait tant fait pour l’éviter jusque là : 10 salles à traverser, avec 10 méchants à battre… Il n’y a vraiment que dans l’univers de Kurumada que ce genre de choses fonctionne, surtout qu’ici les 10 méchants en question n’ont ni charisme ni personnalité. Il terminera d’ailleurs son manga au beau milieu de cette partie complètement ratée, son éditeur lui ayant sommé d’arrêter le massacre.