"Good talk Cindy"

On vit une époque bénie pour les Spider-Women, comme leur crossover de 2016 le confirme. Le point de départ de cet univers arachnéen étendu correspond globalement à l'event Spiderverse (introduisant Spider-Gwen, plaçant Silk en son cœur, lançant une nouvelle série pour la Spider-Woman originelle...). Silk avait toutefois été introduite dans le sympathique premier arc de la série Amazing Spier-Man de 2014. J'avais eu le coup de foudre et j'avais voulu en lire davantage sur ce personnage.

La présente série prend justement place après Spiderverse... que je n'ai pas encore lu. Pas de souci à se faire heureusement, la série commence par une mise en contexte. Elle ne durera que 7 épisodes avant de se voir arrêter au moment de Secret Wars, le dernier épisode appartenant aux Last Days.

Pour autant la série conserve tout du long une remarquable unité, comme si les 7 épisodes formaient un arc unique de Silk, en attendant le second dans l'All New Universe.

Le dessin fort agréable demeure une des qualités du titre. Il joue dans un style très épuré tout en communiquant suffisamment, style qui me rappelle par certains moments la série Hawkeye d'Aja. Un dessin qui va à l'essentiel, qui reflète toujours à merveille les émotions et qui se lit avec plaisir. Bon tout du long, il éblouit même sur le dernier épisode, mais je reviendrai là-dessus.

Au niveau du scénario, la série joue sur deux axes qui se nourrissent mutuellement. D'un côté, Silk a passé dix ans dans un bunker. Aussi, elle doit s'adapter à sa nouvelle vie malgré cet handicape, sa vie civile tout autant que sa vie d'héroïne. Le scénario usera de ficelles comiques à ce niveau (trou de dix ans dans la culture, il y a du potentiel), il garde Cindy en journaliste aux côtés d'un Jameson drôle comme de coutume et intègre un méchant bidon faisant en vérité office d'ami au fur et à mesure que la série avance. Silk se montre très drôle et légère dans ses pensées pour cette partie de la série, on a quelques running-gags particulièrement agréables et des réactions assez fraîches.

Le deuxième axe, c'est la recherche désespérée de ses parents. Car Silk n'arrive guère à s'adapter, il lui manque quelque chose, un lien avec son passé. C'est une partie de la série, un thème sombre qui se pose indubitablement en opposition avec le dessin. Silk souffre intérieurement, elle a la mélancolie de sa jeunesse perdue, le traumatisme de ses années enfermée, la déchirure d'avoir abandonné les siens. On reverra en flash-backs les nombreux moments forts qui l'ont brisé en mille morceaux. Cette douleur, elle se répercute dans sa relation avec Peter, membre du supporting cast (rôle assez surprenant pour ce personnage phare de l'éditeur). Silk, c'est le personnage cool qui pourrit de l'intérieur. Spider-Man c'est le personnage cool et optimiste qui essaye de l'aider. Alors attention, je dis pas que le comics est une tragédie, qu'il est raconte une histoire dépressive révolutionnaire. Non, simplement l'aspect cool se mélange à un mal-être de l'héroïne et je trouve que l'alchimie qui en sort fonctionne.

Finalement, je retiens deux épisodes de cette histoire. L'arrivée des FF, très bien écrits, tous aussi drôles les uns que les autres, bref des guest qui font beaucoup de bien à la série. En amenant ce quatuor et particulièrement la torche avec son charme ravageur, Peter force Cindy a avoir des contacts sociaux, il brise son emmurement.
Je retiens également l'épisode final, un last days réussi. Certes son scénario se montre hyper convenu mais graphiquement il envoie du lourd. Dynamique, des larges cases où l'auteur se lâche, un découpage travaillé. Et surtout, l'épisode est une belle conclusion. Dragon machin (le vilain au grand cœur) bascule définitivement du bon côté, Silk trouve une piste sérieuse pour sa famille, elle renoue avec un certain optimiste alors même que le monde court à sa perte.

Et puis l'argument ultime pour affirmer que cette série est de qualité: il est trop stylé son costume!