Six mois et un autre
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Six mois et un autre

BD (divers) de Blaise Pruvost (2023)

Pour moi, un chef-d'oeuvre: le fond, la forme, les émotions, le suspense, les personnages, les idées

Je le découvre dans le cadre d'un jury mais j'ai oublié de prendre des notes tant j'étais ému et pris par cette histoire.

J'avoue être plutôt un ignare en BDs et romans graphiques, donc je suis peut-être facilement impressionnable .

Je n'ai remarqué que vers la fin qu'il n'y a pas de numéro de page: très très bonne idée qui m'a peut-être aidé à rentrer dans l'histoire et le paysage comme Sam Lowry dans Brazil flottant et volant.

Parfois je caressais des dessins pensant que le crayon allait "fudger", couler, baver...comme s'il y avait pas de fixatif sur la page et que c'était des originaux.

J'avoue que j'ai un mini passé de mini marcheur, que j'envisageais de tenter Compostelle...que j'ai lu certains des hypers nombreux livres mémoire et journaux de Compostelle etc.

Mais ce témoignage m'est le plus fort, sans doute à l'aide de la si belle béquille visuelle pour mon cerveau et QI plutôt lents.

Si je devais chercher la petite bête: le personnage est très classe, éthique et hyper hyper discret sur sa vie personnelle et sexuelle au cours de cette marche...beaucoup de hors-champ et ellipses (j'ai eu des "rêves érotiques"...je suis resté avec "toutes les deux dix jours"...) mais pas d'images.

Or les seuls dessins de femmes nues sont soudain en fait ceux d'un autre dessinateur qu'il a croisé: un Cabu du cul qui a eu la brillante idée d'installer son bureau et sa table de dessin à l'arrière d'un mini van...une des meilleures idées de chevalet ever! en van chevrolet.

Comme dans un roman picaresque, ou un doc ou le film des Coen, O Brother, Where Art Thou? il croise des personnages marrants, certains effrayants, parfois les deux...mais surtout il redonne confiance en la nature humaine comme le fait un Antoine de Maximy

ou les moines laïcs de Nus et culottes.

En plus de certaines pages, LA phrase, même si toute simple en apparence, qui m'a le plus scotché est:

_"Parfois, pendant quelques minutes, je n'ai plus du tout peur de rien" (Blaise Pruvost),

comme parfois quand je prie (Pierreamo).

(sur la marche, j'ai bien aimé aussi 'Marcher à coeur ouvert de l'Auvergne vers Compostelle' de Claire Colette et conseille pour son fond, même si pas mon préféré du tout, le populaire livre de Charles Wright, 'Le Chemin des Estives').



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Détails en vrac:

___il croise des vitraux de La Chapelle Saint Jean Le Froid ; dans son demi-sommeil, et grande fatigue...ils semblent s'animer (tête coupée) me rappelant une des scènes réalisée par les studios Pixar dans 'Le secret de la pyramide' (celle du chevalier à épée se détachant du vitrail).

____une nuit, il sent, touche et partage le souffle d'un daim par sa main qu'il a approchée; dessinée dans un plan me rappelant les mains dans La Création d'Adam (Michel Ange)

___il croise des gites donativo: tu es hébergé, donnes ce que tu peux, tu payes par ton travail...certains sont des sectes.

___il me fait découvrir l'ancien carmel de Condom, devenu lieux de vie-gîte...ses pages sont bouleversantes. Ils doivent défoncer une porte car l'un d'eux n'est pas sorti de plusieurs jours. Plus tard, il brosse un mur et le montage des images est cinématographique: le mur de pierres devient lit de rivière.

___ dans le même genre, un autre soir, une usine chimique et ses deux tours, devient le soir un Palais des mille et une nuits éclairé. (rêve-éveillé)

___il sait mieux dessiner les chiens (si beaux) que parfois les pieds (la légende raconte que même Théodore Géricault ne savait pas peindre les pieds non plus).

Sinon ses labyrinthes sont fascinants et il y a une scène de nuit et de recherche de chevaux visuellement bluffante (je connaissais pas cette idée visuelle; peut-être très répandue): c'est tellement bien observé, c'est comme ça en effet qu'on distingue des corps dans le vent et la nuit.

_____il croise un platane plus que centenaire (une très belle page avec des petites vieilles accueillantes dessous...me rappelant l'arbre millénaire et les vieux que croise en Iran François Henri Désérable dans 'L'usure d'un monde').

PierreAmoFFsevrageSC
10

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste BDs dans le quinzième Prix du livre du Témoignage 2023 de Bayard Presse.

Créée

le 11 août 2023

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