Ma critique vaut pour la trilogie.
Huit ans, même pas 200 pages, le Roi des Mouches s'est fait désirer, il faut dire que le coup de Taser qu'avait balancé le tome 1 promettait monts et merveilles. On peut donc vulgairement affirmer a l'instar de ces bons marseillais suintant le pastis, qu'on se languissait de la suite.
A la clôture du 3e tome c'est un peu comme sortir d'Enter the Voïd de Gaspard Noé, le tapage cérébral en moins. Il faut du temps pour que cela décante car indéniablement le Roi est une vraie force de frappe qui s'insinue bien comme il faut dans votre pensée.
Le texte de Pirus très narratif, voire "trop littéraire" marié au découpage stalinien des planches et au dessin typé fifty's créent un mélange étrange, sordide, vicieux. Ca sent bien sûr Black Hole par ses thèmes -l'adolescence, le sexe, la drogue, la famille..- mais aussi par cet encrage lourd, aux formes millimétrées, les couleurs magnifiquement vieillies et ternes en plus. C'est un récit choral-destins entremêlés qui a l'air de planer en permanence sur un petit nuage rouge cramoisi, entre morbidité et luxure, Le Roi des mouches est surtout glacial et pourtant son cynisme devient scotchant.
Parfois c'est dur à suivre, ce n'est en rien une BD reposante car psychiquement ultra violente, mais sans conteste par moment, c'est un sacré feu d'artifices: la combinaison parfaite de références géniales (Pink Floyd, Big Lebowsky, Lost Highway-Twin Peaks voire Mulholland Drive ça fourmille !), d'une écriture qui fait mouche et d'un dessin surpuissant.
Le Roi des Mouches est un monolithe, un machin qui nous intrigue d'abord, puis interloqué nous fait nous rapprocher de plus en plus, pour nous aspirer. Très fort.
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