Ah, le troisième volume des pérégrinations de l'ami Sergeï et de son fidèle acolyte Ralph, accompagnés de Zina, leur tendre chatte, ou genette plus exactement. Un objet ragoûtant, même si le graphisme dans ses détails inspire plus le dégoût. C'est là qu'on reconnaît le savoir-faire des trublions Cromwell et Riff Reb's, dont d'un monde crade, sanglant et nauséabond, ils arrivent à magnifier la moindre moisissure. Cet opus est dans la lignée des précédents. Il commence comme d'habitude, par un prélude autour de leur rabatteur de contrat Manuel - aux bijoux de famille (cf. titre évocateur) en mauvaise posture -, qui va encore une fois les mener vers de terribles et dangereuses aventures.
On soulignera tout de même l'absence d'avant-propos - sous forme de journal - croustillant, nous plongeant dans la boue de l'action. Constat navrant de la politique éditoriale de Soleil, j'en veux pour preuve «Shaman», dont les auteurs, aux éditions Nucléa², alimentaient les deux premiers albums de récits de huit pages supplémentaires ; Soleil a tout supprimé. Hormis ce fait, le contenu est toujours aussi riche. Les couleurs de Casadeï salissent encore mieux le dessin, valeur ajoutée pour les albums de Sergeï Wladi. Quant au scénario, il est toujours aussi déjanté… le découpage, entremêlant parfois quatre évènements différents, ne s'embourbe pas dans les vapeurs de la tourbe.
À savoir : ce troisième tome s'est fait attendre pendant plus de quinze ans, il a donc une saveur de vieux whisky millésimé.
PS : ceci est une vieille critique qui sent bon le formol.