Suite aux critiques élogieuses que j’avais pu en lire, je me suis procuré « The Black Holes » de Borja Gonzales. C’est la première bande-dessinée de l’auteur espagnol qui arrive dans nos contrées. Le tout étant quand même préfacé par Juan Diaz Canales, on part plutôt confiant. Le tout pèse 128 pages et est publié chez Dargaud.
« The Black Holes » est un ouvrage difficile d’accès. Il met en scène deux histoires parallèles qui, bien sûr, s’entrecroisent. Dans la première, moderne, un groupe de filles écrit des chansons. Dans l’autre, des siècles plus tôt, une jeune femme écrit des textes. Ces mondes s’entrecroisent dans des passages oniriques (au milieu des bois par exemple).
L’histoire de ce livre est assez confuse. On passe d’une période à l’autre sans que l’on ne voit de lien, parfois elles se mêlent… Ce n’est qu’à la toute fin que l’on comprend le lien, sans que cette révélation ne nous transcende véritablement. Le fait que les personnages soient dessinés de façon si schématique gêne d’autant plus la lecture en rendant leur identification malaisée.
À la fois fantastique, onirique et absurde, « The Black Holes » bouscule les codes. Hélas, au bout de 128 pages, on est un peu déçu du propos. Certes, le scénario et surtout la narration sont ambitieuses, mais il est difficile d’y voir une réussite. On manque d’empathie pour les personnages, on ne s’intéresse pas à eux plus que ça. Le lecteur devient spectateur de scènes dont il saisit mal les enjeux.
Le livre vaut surtout pour le dessin de l’auteur. Le travail graphique sur les planches est remarquable, que ce soit au niveau de la narration ou de la composition pure des cases. Borja Gonzales a un talent un indéniable, même si l’aspect un peu froid du dessin risque d’en rebuter plus d’un. Sa façon de dessiner, très schématique, est clairement une des mises à distance du lecteur dans cet ouvrage. Signalons aussi le travail sur les couleurs, original et réussi, qui met pleinement en valeur le trait et les ambiances de l’ouvrage.
« The Black Holes » est ambitieux, peut-être trop. La narration est complexe, mais se perd parfois en oubliant de développer une empathie plus forte sur les personnages. Il n’en reste pas moins un ouvrage original à l’identité affirmée. À vous de voir si vous vous sentez aventureux.