Même constat que pour le tome précédent : le plaisir graphique est permanent, la mise en scène est parfaite, les planches dynamiques, la colo superbe. Singelin nous en met plein la vue !
D'un point de vue scénaristique, on est dans la pure continuité entre le tome 3 et le tome 4, ça manque un peu de surprises. A noter tout de même quelques bonnes idées qui émergent (enfin) un peu de toute cette violence et de cette noirceur comme l'enfance de Ed - symbole d'un monde qui crée une violence aveugle à sa propre folie - ou la dénonciation des dérives fascistes du discours patriotique, la fragilité de la démocratie etc.
Reste que le récit reste extrêmement pessimiste, bien plus que celui de The Wire - série dont The Grocery fait en permanence référence depuis le choix de Baltimore comme lieu de l'action jusqu'à l'évocation de Marlo Stanfield dans les dernières planches.
The Grocery me parait moins intelligente dans sa construction que The Wire car la série d'HBO partait du trafic de drogue comme catalyseur de violence pour montrer à quel point son onde de choc éclaboussait tout le monde jusqu'aux enfants les plus innocents, les enseignants les plus dévoués et les politiciens les motivés.
Dans The Grocery, on s'éloigne très vite de la drogue pour ne montrer que de la violence qui s'auto-nourrit en des vagues successives de personnages qui veulent se venger. On est donc loin du décryptage des rouages politico-sociaux qui laisse un phénomène de violence et de santé publique gangréner des couches successives de la population comme un château de cartes qui s'écroule.
Bien sûr, The Grocery n'a pas ambition de se mesurer à The Wire mais je trouve dommage qu'en ayant en tête cette référence, Ducoudray ne soit pas aller chercher dans sa créativité les quelques arcs narratifs qui lui aurait permis de donner cette dimension supplémentaire à cette série qui se serait, selon moi, alors imposée comme encore plus incontournable.