Yashasîn !
Le voilà ! Et en édition collector en plus ! Avec un animé qui a débuté en avril, voilà pas mal de conditions réunies pour que le parcours du prince Arslan ne passe pas inaperçu par chez nous...
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le 3 juin 2015
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Nous voilà enfin en présence de l'édition limitée promise par les éditions Kurokawa.
Première remarque préalable : la qualité de l'objet livre, qui bénéficie de quelques pages d'introduction en couleur et surtout d'une très intéressante interview de Hiromu Arakawa, mais aussi du créateur original des Chroniques d'Arslân : Yoshiki Tanaka.
Comme à son habitude, Arakawa nous fait le plaisir d'ajouter sa petite touche humoristique personnelle dans de savoureux bonus de fin de tome.
La première et 4ème de couvertures sont des jolis crayonnés de la main de la mangaka.
La jaquette éditeur a un effet dorure, Kurokawa ayant dignement fêté sa première décennie avec la sublimation du package de l'oeuvre de son auteur fétiche ^^.
Pour autant, Arslan Senki vaut-il le coup d'être découvert sous cette forme ?
Assurément oui.
Bon d'accord, au départ, c'est d'abord le jeu du "quel personnage de FMA se cache derrière chaque protagoniste ? " Mais passé ce trouble (qui peut aussi être un vrai plaisir, tant la patte de la mangaka dans le character design est plaisante), on savoure cette identité graphique et le travail toujours aussi maîtrisé de découpage qui l'accompagne. Arakawa est manifestement très inspirée par un support qu'elle a apprécié et dont elle a saisi immédiatement les thèmes à valoriser.
Dès lors, on cherche à savoir si l'adaptation de cette grande saga d'héroic fantasy, classique au premier abord, tiendra ses promesses. Pour moi, le contrat est plus que rempli.
Un peu de grain réaliste à moudre (puisque notre cadre est tout de même la Perse antique), des batailles épiques, des complots, des trahisons, des tensions familliales, une réflexion sur la religion, l'eclavage, le comportement des vainqueurs, c'est à dire tout ce qui fait le charme du roman originel avec ce petit plus que Hiromu Arakawa a l'art de savoir donner à la narration d'un récit d’apprentissage (là on est dans la corde shônen pur jus, mais comme elle sait le faire : en sachant aborder des thèmes graves et donner de la profondeur sans s'apesantir). Il faut donc garder à l'esprit que le matériau de base est un roman plutôt ciblé jeunesse, mais on peut considérer que le traitement est fait avec talent, la dite jeunesse n'étant pas prise pour une imbécile.
Le cadre oriental et le contexte historique sont en outre plus que plaisants à voir dans un manga : Ecbatana était la capitale du temps des Mèdes puis de la dynastie Achéménides, on remonte à partir de près de 7 siècles avant notre ère. Le cadre architectural de la Perse antique, son lexique, bénéficient d'un travail de documentation sérieux pour asseoir une fiction qui va ainsi piocher à l'envie dans l'histoire du Moyen Orient ancien. L'imagination d'Arakawa fait le reste (les tenues militaires, notamment, qui font tout de même bien médiévales, mais la suite de l'histoire fait cependant "sens" avec ce détail...)
La situation initiale (chapitre 1) est un ajout qui ne se trouve pas dans le roman original et ce prologue est le très bienvenu pour que le lecteur contextualise et saisisse à la fois les enjeux à venir, mais aussi le fonctionnement global du royaume de Parse, ainsi que la situation familiale d'Arslan et la génèse de sa philosophie politique.
Nous assistons dans ce volume à du beau maniement d'arme et surtout, à de la stratégie. Pour le coup, la bataille d'Antropathènes ne devrait pas laisser le lecteur de marbre.
Arakawa sait également comment bien gérer un découpage narratif, elle nous le prouve encore une fois. Son autre point fort a toujours été la caractérisation de personnages. là non plus, elle ne déçoit pas. Il est trop tôt pour dire cela, mais si vous acceptez de lire cette série, j'espère que vous ne considèrerez pas que j'ai menti ou exagéré ^^.
De plus, Hiromu Arakawa semble traiter Arslan avec toute l'affection qu'elle avait pour Edward.
Peut-on nous aussi nous attacher à Aslan, ce jeune héros en devenir, ce présumé futur roi délesté de son royaume, ce jeune homme sorti de l'oeuf avec toute la bonne volonté du monde, à la bonté et à l'idéalisme chevillés au coeur dans une société dont la splendeur de la paix reposait sur les luttes passées, l'ardeur guerrière de son Shah, mais aussi l'inégalité de traitement des hommes et des femmes ?
J'ai envie de vous dire oui. Sous la plume d'Arakawa, on ne doute pas qu'Arslan est ce jeune homme doux que la vie devra aguerrrir sans le rendre amer, cynique ou tyrannique. Que le chemin de la reconquête n'est pas le seul enjeu qui aura de l'importance. Pour cela, elle nous invitera à apprécier les mentors dont il est entouré. On gage vite qu'ils donneront à la réflexion personnelle du jeune homme un traitement plutôt crédible. Arslan, en fait, c'est un peu comme Candide. Son errance est plus que jamais formatrice. Guerre, hypocrisie et fanatisme religieux, pauvreté, esclavage, autants de thèmes prétexte à mettre en valeur la vaste entreprise qu'est de gouverner en ayant au préalable expérimenté la vie réelle et réfléchi à un système social qui offre à chaque individu des moyens de subsistances en faisant valoir ses compétences.
A noter pour clôturer cette modeste critique qu'une série animée est en cours et que bien évidemment elle a ses qualités, collant quasi parfaitement au manga dont elle s'inspire. Mais le manga n'étant qu'à son 23 chapitre actuellement au Japon, et la série d'animation ayant prévu 25 épisodes, il est a priori entendu qu'un bon tiers soit fait en poursuivant avec l'adaptation du roman. Drôle de bidouille ? Oui, un peu. Une série adpatée d'un manga lui-même adaptation d'un roman, qui commence par le manga et finit par la roman...
Mais l'interview jointe au premier volume du manga publié par Kurokawa en ce jour nous éclaire sur la parfaite collaboration et l'entente entre le romancier et la mangaka. De ce fait, cette série animée qui fusionnera leurs deux talents prend une couleur tout à fait inédite.
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Créée
le 15 mai 2015
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