Second arc du run de Bendis. La série perd David Marquez parti faire des merveilles pour préparer l'event Civil War II. En échange de cet excellent dessinateur, elle reçoit Deodato Jr, dessinateur dont j'apprécie énormément le style. Pourtant sa prestation restera en demi-teinte sur les présents épisodes.
J'avais souffert lors de la parution kiosque de ces épisodes. En format tpb et avec la connaissance des événements, la pilule passe bien mieux. Je comprends aussi pourquoi j'avais eu cette sensation de surplace pendant des mois : tout simplement car la mission du héros est un long échec dans ce tome. En effet, Bendis veut nous sortir de l'ombre une nouvelle organisation qui gagne en puissance en Asie. Déjà introduit dans l'arc précédent, les ninjas technologiques intriguent Stark, qui va tout essayer pour percer leur mystère. 6 épisodes à base d'enquête musclé par War Machine puis d'infiltration plus subtile par Tony. 6 épisodes qui ne mèneront qu'à peu d'informations. On connaît le chef de l'organisation, elle se fait appeler le Techno-Golem. Excepté qu'elle échappe à Iron Man et garde tout liberté de frapper en représailles, j'appelle ça un échec du héros.
Toutefois, si j'en comprends l'origine et l'intérêt, ça n'excuse pas les longueurs qui hantent l'arc. Mais ça me fait relativiser. D'autant qu'il y a des choses passionnantes outre l'histoire principale. L'épisode où Tony se fait passer pour mort pour consolider sa couverture est par exemple parfaitement écrit. Bendis passe par l'ensemble de son nouveau supporting cast pour nous présenter les répercussions de la disparition du héros. Et ça marche du feu de dieu, d'autant que Deodato est dans un bon jour pour cet épisode.
On a également cette maîtrise du dialogue qui continue de faire mouche. C'est tout particulièrement visible en qui concerne les scènes avec Mary Jane Watson. C'est une relation complexe qui naît entre les deux, sur la même lancée que la conversation conclusive du tome 1, avec une MJ sûr de ses qualités mais qui ne sait pas si se battre pour mettre un semblant d'ordre dans la vie de Tony en vaut la peine.
Fatalis, quoique plus en retrait, continue d'être présent. Il est attaché à Stark pour une raison encore obscure. Et par transitivité, il se sent lié à Amara, complètement dépassé par le monde où elle a mis les pieds à cause de sa liaison avec Tony.
L'un des points où je suis davantage critique, c'est l'échec de Bendis à nous faire ressentir la relation avec Rhodes. L'échéance de Civil War II est probablement à blâmer. Le constat reste que cette amitié n'est pas ressentie à travers cette histoire, alors que le premier arc avait su en peu d'espace transmettre toute la puissance de la relation étrange avec Madame Masque. Encore une fois, l'impact du dessinateur est non négligeable. Si sur l'ensemble de l'arc, les décors plutôt minimalistes de Mike Deodato se remarquent,ce que je lui reproche vraiment c'est de rater les visages au moment du combat dos à dos de Rhodes et Stark contre les ninjas. C'est le moment où les deux amis sont ensemble dans une situation désespérés, et le dessinateur me sort de la lecture...
Deux derniers points à souligner. Le premier est une utilisation intelligente des Avengers. L'un des défauts des univers partagés est le manque de cohérence à voir des héros affronter leurs rivaux sans l'aide des copains. C'est un défaut inhérent et que j'ai coutume d'accepter sans me plaindre. Mais j'apprécie quand un scénariste essaye de le combattre et y parvient tout en laissant l'impression que c'est bien une histoire de notre héros qu'on lit, et pas celle de Tony & Friends. Enfin cet arc rentrera malgré tout dans l'histoire Marvel car il introduit le personnage clé de Riri Williams. Dans mes souvenirs c'était surtout un caméo, à la relecture force est de constater qu'on a bien sa première aventure distillée au fil des épisodes. La relève est assurée, pour le meilleur et/ou pour le pire.
Un Deodato qui altère entre le correct et le médiocre, avec quelques rares scènes où il nous rappelle son talent pour poser des ambiances à part, dans un jeu tout en ombre et lumière (l'excellente scène d'intro de l'épisode 2 par exemple). Un Bendis qui a clairement des idées sur ce run mais se tire une balle dans le pied à vouloir les dispatcher sur trop de séries - en l’occurrence les bons moments de l'arc sont contrebalancés par des mauvais, dues à une décompression qui s'explique par la préparation de Civil War II. C'est donc un second arc imparfait, qui néanmoins a le mérite de montrer que ce run est ambitieux, à défaut de toujours satisfaire cette ambition.