Introduction
Je dois avouer ne pas comprendre la piètre moyenne de cette série. Déjà un point en dessous des moyennes des TPB. C'est bizarre mais explique peut-être que ceux qui ont noté la série dans sa globalité l'ont probablement fait à sa sortie au bout d'un ou deux numéros.
Le gros intérêt de cette série est de pouvoir développer l'intrigue autour du Flash Version Wally West, un personnage revenu de l'époque classique (pré-new52 donc). Ce Wally West n'est plus Kid Flash et mérite donc une série qui lui est consacrée d'autant plus qu'il est un personnage important de ce Rebirth, le seul pleinement conscient des dix ans "volés" et qu'il est avec Superman, un super-héros datant d'avant le Flashpoint. Loin d'être anodin, le Flash officiel reste la version New 52 de Barry Allen, sur lequel est donc centrée la série Flash.
Volume 1 : Le Retour de Wally West
Cette série apporte donc dès son premier volume regroupant les six numéros quelques confirmations quant à l'origine des dix ans volés, le nom manhattan est évoqué, ainsi qu'une main bleue. (Bon certes maintenant tous les fans DC connaissent la référence....)
Cependant cette série Titans n'est pas une série centrée uniquement sur le retour de Wally West mais se veut un véritable éloge de l'équipe des Titans. Dans le premier volume, rapidement tous les membres de l'équipe vont retrouver leur souvenir concernant Wally West. C'est alors l'occasion pour la série de multiplier les scénettes flasback permettant de rappeler les liens profonds qui unissent tous les membres. On ressent alors une véritable amitié et une véritable solidarité entre ses membres. L'émotion est donc bien présente dans cette série. Une émotion pleine de nuance et surtout d'authenticité, ce qui pour moi lui donne toute sa valeur, malgré un manque d'intensité. Et oui difficile d'être aussi émouvant, en parlant des liens qui unissent des amis qu'en parlant d'une histoire d'amour tragique. Même l'émotion des liens familiaux restent plus facile à retranscrire avec intensité que celle concernant les liens amicaux. Bref, pour résumer, il y a une véritable humilité dans le traitement des émotions, qui est à la fois très respectable et louable mais qui, en même temps, laissera de marbre bon nombre qui souhaitent lire des récits plus extraordinaires et retrouver des émotions plus rares, de par leur nature ou leur intensité.
Paradoxalement l'amour n'est pas exclu de l'intrigue. D'abord avec la relation naissante entre Donna Troy et Roy Harper, bien que celui-ci n'ose guère l'avouer mais finalement cette relation traitée de manière quelque peu adolescente est surtout représentative d'une dynamique du groupe des Titans et rejoint finalement le doux éloge de cette équipe dont les membres sont de véritables "amis" et parfois plus si affinités. Et enfin avec la tragique histoire amoureux de Wally West qui se retrouve finalement dans un monde, où Linda Park, la femme avec qui il entretenait une grande histoire d'amour depuis pas mal de temps, ne se souvient plus de lui alors que leur passé commun est très vif dans les souvenirs de Wally. Il y a ici un aspect quelque peu tragique face à ces sentiments amoureux de Flash, pourtant, je dois avouer que cette relation n'est pas aussi touchante qu'elle devrait l'être car Wally West me semble quelque peu agaçant à ce propos. Disons qu'il aborde ce problème de manière adolescente là encore, mais cette fois-ci le ton me semble en léger désaccord avec le côté tragique de la situation.
Ce traitement des personnages se superpose à une intrigue finalement relativement basique, un simple affrontement contre celui à l'origine de la disparition de Wally West, Abra Kadabra. Cette intrigue n'est pas bâclée en soi mais quelque peu attendue, puisqu'elle sert encore à faire l'éloge de l'amitié au centre de cette équipe. Il faut avouer que si cette problématique permet de véritablement créer une identité à cette équipe et la construit finalement rapidement de manière cohérente et solide, elle flirte parfois avec le Kitsch. Il est quasiment dit à la fin que "le pouvoir de l'amour est plus fort que tout". J'aurais aimé que cela soit traité d'une manière plus implicite et subtile.
Volume 2 : Bienvenue à Manhattan
Le deuxième volume (numéros 7 à 10) est intéressant car il permet de poursuivre les thématiques traitées précédemment mais sous un nouvel angle.
On commence avec la rencontre de Wally West et de Superman, cette rencontre est bien entendu primordiale puisqu'elle permet de mettre en rapport les deux seuls super-héros venus de l'âge classique, ayant donc pour souvenir le monde pré-Flashpoint. Techniquement, Wally West ne connait vraiment que ce Superman, et Superman ne connait vraiment que ce Flash donc. Une expérience commune qui les rapproche et ajoute un côté attachant à leur relation. Durant l'ère classique, Superman et le Flash version Wally West, bien que se connaissant, n'avait guère de relation approfondie, la différence de maturité voire d'âge entre les deux créent malgré tout une certaine distance. Mais par leur expérience commune se crée ici une relation particulière, d'autant plus que cette fois la différence d'âge offre finalement à Wally West une figure presque paternelle en Superman. Ce que Barry Allen représentait durant l'âge classique mais qui n'est plus autant d'actualité avec celui de l'univers New52, car techniquement les deux ont quasiment autant d'expérience l'un que l'autre.... C'est d'ailleurs mentionné dans le même volume par un Barry Allen répétant que malgré son habitude de le considérer comme son "élève", depuis qu'il a retrouvé ses souvenirs, Wally est devenu son égal.
Outre la rencontre avec Superman, l'intrigue reste dans son traitement très basique et minimaliste, réunissant les membres des Titans et leurs mentor de la justice league (Batman/Wonder Woman/Aquaman/Flash version Barry Allen). Huis-clos ayant pour but de briser les liens de l'équipe, il ne se passe pas grand chose si ce n'est quelques combats anodins, et surtout des disputes. Pourtant, là encore un élément intéressant vient marquer un peu plus l'identité de cette équipe formée par les titans car, outre le fait de mettre en avant les différents rapports élèves/mentors, il s'agira surtout d'exposer la différence fondamentale entre la Justice League et l'équipe des Titans. Alors que la première, pourtant la plus célèbre, n'est finalement qu'une alliance de super-héros se réunissant en cas de crises pour sauver le monde, la seconde est une véritable groupe d'amis qui unit tous les membres les uns aux autres et au groupe lui-même. Bien entendu, dans la Justice League, chacun apporte sa pierre à l'édifice de par son caractère et ses compétences, mais si des liens forts unissent Batman et Superman, Superman et Wonder Woman, Flash et Green Lantern... Il manque cette véritable dynamique de groupe, où chaque membre est lié à chaque membre. Le volume justifie donc pleinement l'existence de cette série consacrée aux Titans, en prenant le risque de les confronter et les comparer à l'équipe phare de la Justice League. C'est intéressant et audacieux !
Ôn apprend aussi quelques éléments primordiaux pour la suite des événements mais puisque je vais être très concret dans les révélations, je vais donc spoiler directement :
Tout d'abord, Mal/Héraut, ancien membre des Titans, a abandonné volontairement ses pouvoirs et est victime d'un traumatisme dû à son dernier affrontement. J'ai davantage de mal à comprendre l'intérêt de cet événement à part d'introduire une intrigue. Les liens unissant à l'évidence les membres fondateurs ne semblent pas être si authentiques lorsqu'il s'agit de membres plus secondaires. C'est compréhensible, de là, à considérer qu'ils soient à ce point détaché qu'il n'est pas essayer d'aider davantage un ancien membre, ni ne s'être rendu compte de son traumatisme, j'ai plus de mal. Après probablement que cette partie de l'intrigue sert surtout à introduire la femme de Mal qui a l'évidence pourrait devenir un nouveau membre des Titans.
Enfin l'événement le plus important de tout le volume, c'est la révélation par Wonder Woman, des origines de Donnay Troy, créée pour combattre Wonder Woman, et dont les souvenirs ont été falsifiés. Cet événement est traité de manière un peu rapide et difficile à juger, bien que j'imagine qu'il sera repris par la suite. D'un côté, je suis heureux qu'on en fasse pas une nouvelle tragédie créant une crise cataclysmique. En effet là encore, on justifie le fait de pouvoir passer outre cette révélation sans tragédie par les liens qui unissent les Titans et qui permettent à Donna Troy de ne pas être brisée par la révélation. Bien sûr, celle-ci reste un véritable choc pour Donnay mais, l'amitié reste une pare-choc, une digue permettant à l'esprit des jeunes gens de ne pas être envahi totalement par le traumatisme. L'idée est intéressante, malgré tout, elle est quand même traité de manière très rapide, tout cela semble un peu facile. A nouveau le pouvoir de l'amûûûûr ! Je crois sincèrement que cela sera traité de plus en longueur et plus subtilement par la suite et je pense notamment que l'amour naissant entre Roy Harper et Donna Troy jouera un rôle dans l'acceptation de son passé. Le fait est que l'impression reste à la lecture de ce volume.
Conclusion
Fondamentalement les thématiques travaillées dans ces dix premiers numéros sont intéressantes. Cette série est pleine d'émotions subtiles et authentiques et justifie sa propre existence en réussissant à donner vie et corps à cette équipe dont la synergie est réelle. De plus, elle permet de développer le retour de Wally West, un événement qui ne pouvait être considéré comme anodin dans ce rebirth. On regrettera cependant peut-être des intrigues techniquement un peu trop basiques et que le ton adolescent ajoute à certains moment une tonalité un peu kitsch et niaise à des thèmes pourtant travaillés de manière intéressantes sur la longueur.