Avec "Toujours tout foutre en l'air", Moa saisi avec précision l'angoisse persistante de toute une génération éprise de technologies facilitatrices, qui vit dans la peur de faire un pas de travers, tout en n'hésitant pas à faire les pires choix pour se sortir de cette léthargie. Les crises d'angoisses incessantes de Moa, semblent d'autant plus implacables que les remèdes y sont vains et futiles. Et la frustration ressentie dans une société dominée par les hommes n'est pas pour atténuer ce sentiment de fatalité.
Ce propos général est d'ailleurs servi par un dessin d'une redoutable efficacité: les corps difformes aux membres démesurés traduisent bien le malaise qui règne dans la société. Ils se meuvent maladroitement dans un univers qui ne semble pas fait pour eux et donnent au récit une atmosphère irréelle, presque du domaine du rêve, ou plutôt du cauchemar que subit l'héroïne.
Malgré tout, l'exercice d'introspection, rythmé par une touche de légèreté et d'humour, prépare une conclusion pleine d'espoir : toujours tout foutre en l'air par peur du lendemain, c'est aussi se dire que tout n'est pas important; toujours tout foutre en l'air c'est revenir à l'essentiel... C'est se retrouver soi-même.