Transat
7.4
Transat

BD de Aude Picault (2009)

Chronique d'une volonté d'isolement.

Aude Picault, ancienne membre du collectif Chicou Chicou met en scène une bd autobiographique qui est je l'avoue, assez touchante. Elle y raconte la quête de sens, le ras-le-bol du quotidien qu'elle a éprouvé à 28 ans et qui l'a poussé à se retrouver quelques mois sur une transatlantique en bateau.


Alors, ça parle pas tant que ça de la vie en bateau mais beaucoup de ses pressions journalières qui rendaient sa vie agaçantes (amies superficielles, vie citadine reloue, matos qui marche pas, monde du travail pénible) et on s'y retrouve face à ses petites contrariété. Elle y raconte comment elle y a planifié ce voyage, avec qui elle discutait ainsi que son isolement quelques jours dans une maison bretonne.


Parce qu'arrivé au passage de la transatlantique vous n'aurez pas grand chose mis à part des pleine pages de mer, qui retranscrivent, assez bien, ce qu'on éprouve lorsqu'on est perdu au milieu de l'eau. (Pour avoir fait un peu de bateau c'est tout à fait ça.)


Du coup, pourquoi ce coup de coeur pour cette bd très auto-centrée ? Et bah parce que ça a fait écho à ma vie. D'une part, moi aussi je me suis retrouvé isolé dans une maison en Bretagne en plein hiver. Ok, j'étais pas seul, mais je me souviens du côté régénérateur de ne plus avoir internet et de bosser uniquement sur ses propres projets. Et de se balader sur la plage en hiver, tiens.


Parce que moi aussi j'avais un quotidien plan plan, moi aussi je ne m'y retrouvais plus et je me suis retrouvé une raison de vivre vers la trentaine en suivant des gens dans des squats et qui menaient la vie d'artiste. Et j'y retrouve le même écho que les gens qu'elle croise, qui sont parti faire ce qu'ils voulaient c'est à dire naviguer ("parce que je ne savais faire que ça") et tant pis s'ils n'ont pas de métier, de retraite et de vie cadré par les normes de la société. La volonté de se mettre en marge et tant pis si tout ton pognon passe dans ton bateau.


A la fin de la bd, un ami d'Aude à une phrase hyper intéressante : "Tu ne peux pas "rater" ni "réussir" ta vie. Tu peux seulement la vivre." C'est con, mais ça fait du bien de lire ces lignes.

le-mad-dog
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 janv. 2019

Critique lue 145 fois

1 j'aime

Mad Dog

Écrit par

Critique lue 145 fois

1

D'autres avis sur Transat

Transat
zardoz6704
7

Pas mal...

Je n'aime pas à la base l'idée d'une dessinatrice parisienne à la vie étriquée utilisant la mode du carnet pour expliquer à quel point notre vie est absurde. Et le fait est que l'essentiel du livre...

le 15 févr. 2013

3 j'aime

Transat
Jgdl
9

"Mon bâtôôô c'est le plus bô des bâââtôôô !"

Je suis amoureuse du trait d'Aude Picault. Voilà, c'est dit, c'est brut, c'est bon. Cette façon de capturer les expressions, les personnages (la "meilleure amie" est criante de vérité !), les...

Par

le 19 mai 2015

2 j'aime

Du même critique

Un chien andalou
le-mad-dog
8

Arrêtez de dire que vous ne comprenez pas ce film !

Un Chien Andalou faisant parti d'une liste de films à voir qu'avait ma copine, je l'ai donc revu. Et c'est limite un passage obligé dans les études sur le cinéma. (Le film était gratuit sur YouTube à...

le 12 janv. 2023

91 j'aime

Blow-Up
le-mad-dog
5

Antonioni ou la métaphore du mime qui fait du tennis !

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel version....heu.... non...." En fait, il ne fait partie d'aucune de mes listes de rattrapage de films. Bizarre, j'étais certain qu'on me l'avait...

le 22 oct. 2016

53 j'aime

6

Le Dernier Tango à Paris
le-mad-dog
1

Réaliser son fantasme en détruisant la vie de sa comédienne.

Ce film m'a énervé ! Et pour le coup, je m'aperçois que celui-ci m'a presque autant énervé par ses intentions de réalisation que par son propos lui même. Du coup, au lieu de faire une partie...

le 7 sept. 2023

53 j'aime

4