L'histoire peu racontée de ces déportés homosexuels Allemands en avant-garde des déportations de la seconde guerre... Témoignage d'une époque d'avant guerre pas si différente de la nôtre: des fêtes, de l'amour, de l'alcool. Le contexte est vraiment frappant: ils sont jeunes, beaux, ont tous des convictions politiques; en fait, ils ne se distinguent pas des autres Allemands. je ne m'étais pas vraiment rendue compte à quel point leurs vies pouvaient être semblables à la notre. Ils sont dans la grande capitale, aucun risque: rien ne pourrait leur arriver, après tout la vie leur appartient. Ne subsiste qu'un vieux paragraphe, le 175, celui qui interdit les pratiques homosexuelles. Et puis, arrive les années 36, puis 37 les pratiques se durcissent, la montée en puissance du nazisme radicalise les dénonciations. Le jeune héros se fait dénoncer une première fois, incarcérer quelques jours... Comment se défaire de ce point dans ce dossier? Alors il se refait condamner. Le pire, c'est qu'une fois en prison, il se fait autant condamner par les autres taulards que par les matons. Plus d'exclusion encore. Puis il se fait relâcher et déporter... En 37?!? Non, je ne savais pas qu'il y avait des camps en 37? Et cela jusqu'à 45. Mais le temps de la libération n'achève pas son exclusion. En 45, tout n'est pas fini. Quand on apprend qu'il a été déporté en tant que triangle rose, la terreur ne se finit pas. Il faut fuir son passé et s'en aller.
La BD ne raconte pas les camps. Ce n'est pas le sujet. C'est un témoignage sur l'exclusion des homosexuels et la dégradation d'une situation qui n'était pas si différente de celle d'aujourd'hui. Une mère qui accepte l'homosexualité de son fils, des copains qui sortent en boite. L'horreur d'une situation dont on ne peut se sortir. On est homosexuels, et parce que l'on est homo, selon l'opinion publique, cela est un choix. Le choix d'être déporté, exclu, cassé. Le racisme est terrifiant et condamnable par tout le monde. L'homophobie après guerre n'est pas condamné par les autres pays. ça fait froid dans le dos.