Le pari pascalien
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Après « Une histoire d’hommes », Zep revient chez Rue de Sèvres avec un nouveau one-shot adulte et sérieux. « Une histoire d’hommes » ne m’avait pas pleinement convaincu, mais suffisait à provoquer une curiosité pour ce nouvel album. Le tout pèse 80 pages (et il pèse vraiment lourd !).
L’ouvrage raconte l’histoire de Marcus, un chartreux. Ce moine a donc fait vœux de silence depuis vingt-cinq ans. Mais sa tante, dans son testament, exige sa présence pour qu’il puisse toucher son héritage. Marcus n’a que faire de l’argent, mais le monastère aurait bien besoin de réparations… Marcus retrouve donc la civilisation, les autres et le bruit… à Paris !
Zep propose d’emblée un personnage original et assez improbable. L’histoire de cet homme obligé de quitter sa retraite est bien pensée et permet d’imaginer beaucoup de situations intéressantes. Hélas, l’auteur peine à exploiter son sujet. Dès le premier train, il se met à papoter avec une femme. Quand on voit comme peu de gens se parlent dans le train, c’est d’autant plus improbable. Mais bon… Pourquoi pas ?
Le passé du jeune homme reste aussi peu exploité. Finalement, on ne sait pas trop pourquoi il part si jeune se faire moine. Quel rapport avec sa tante ? Certains flashbacks amènent quelques réponses trop légères pour convaincre. Zep joue sur l’implicite. Mais à trop rester en surface (et contemplatif), il nous laisse à l’extérieur de son histoire. Je passerai sur le final de l’histoire, que j’ai trouvé lourd et assez convenu.
Comme le personnage fait vœu de silence, la narration (intérieur) est très présente au début de l’ouvrage. Je l’ai trouvée assez lourde et envahissante. Le livre met ainsi de nombreuses pages à démarrer. Ainsi, Zep pêche un peu dans la mouvance actuelle : le bouquin pourrait faire 16 pages de moins, il serait quand même contemplatif est lent. Mais il aurait moins de longueurs.
Je me permets une nouvelle remarque sur les livres de Rue de Sèvres dont les pages sont tellement épaisses qu’elles en sont presque cartonnées… Du coup, 18€ le one shot en bichromie… Ce n’est pas donné et le livre est un véritable pavé.
Le dessin de Zep, en réaliste, est très réussi et convient parfaitement au sujet. Il joue des non-dits, des silences, des regards… On est très loin de l’expressivité très forte de ses autres projets. Pour « Un bruit étrange et beau », c’est une belle osmose avec le texte. Même la bichromie, qui rend le trait froid, convient plutôt bien à l’ouvrage.
Zep tenait un sujet intéressant mais se noie un peu avec. Car finalement, c’est avant tout l’aspect monastique du personnage qui fait le scénario plus que son vœu de silence. Passé le beau dessin et l’originalité de Marcus, l’histoire se révèle finalement peu palpitante.
Créée
le 28 oct. 2016
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