C’est une histoire méconnue et elle est pourtant vraie et incroyable. En 1958, plusieurs joueurs algériens évoluant dans le championnat de France fuient le pays clandestinement par petits groupes et rejoignent Tunis dans le but de créer la première équipe nationale de football algérienne. Un projet initié et supervisé par le FLN qui doit permettre d’apporter un écho médiatique à la lutte pour l’indépendance du peuple algérien qui s’enlise depuis 1954 et qui ne s’achèvera qu’en 1962 avec les accords d’Evian.
Entre 1958 et 1962, ce “onze de l’indépendance”, qui ne bénéficie d’aucune reconnaissance de la part de la FIFA, enchaîna les tournées en Afrique , Moyen-Orient, Asie et Europe de l’Est et permit de faire exister l’Algérie sur la scène internationale durant cette période de troubles. Au cours de cette période, l’équipe du FLN disputa plus de 80 matchs avec quelques victoires de prestige comme ce 6-1 passé à la sélection nationale de Yougoslavie en 1961 dans son “Marakana”.
Pour conter cette histoire exceptionnelle, il fallait bien un travail à 6 mains avec Bertrand Galic et Kris pour le scénario et un dessinateur espagnol Javi Rey. On sait la difficulté de retranscrire l’intensité d’un match de football et Javi s’en sort très bien redonnant vie à ce football d’antan et au ballon en cuir à lacets.
Le scénario insiste sur l’aventure humaine et fraternelle de ces joueurs “doublement exilés”
qui ne pouvaient pas retourner ni en Algérie ni en France avec laquelle de nombreux joueurs entretenaient une relation ambiguë teintée de nostalgie. Plusieurs joueurs retourneront d’ailleurs évoluer dans le championnat de France après la guerre dont le célèbre Rachid Makhloufi qui fera les beaux jours des Verts dans les années 60.
La détermination et la volonté de ces joueurs algériens sont impressionnantes et admirables puisque certains joueurs “stars” comme Zitouni, Makhloufi ou Brahimi n’ont pas hésité à quitter des situations confortables en France et la perspective de disputer une coupe du monde avec les Bleus (celle de 1958 en Suède) pour participer à la lutte, sur les terrains de sport, pour l’indépendance de leur pays.
Une bande dessinée remarquable et très documentée qui mêle avec brio histoire, politique et football. A noter que l’album est complété d’un très bon dossier de Gilles Rof sur l’épopée de l’équipe du FLN qui permet de la replacer dans le contexte de l’époque.
Pour les prolongations, direction Le café sport