Le bois et l'acier : les deux matériaux d'un banc public. Un objet banal qui est l'insolite personnage central du nouvel album de Chabouté, tour à tour refuge, scène, défouloir, mais avant tout témoin du temps qui passe...
Dans la lignée du pavé "Tout Seul", Chabouté poursuit son expérimentation d'une BD muette et contemplative. Son art des espaces blancs et des non-dits est ici à son apogée, dans une mise en page aérée servie par un trait acéré et des contrastes purs.
Si ce nouveau récit n'est pas le subtil puzzle qu'était "Tout Seul", il offre tout de même une belle gymnastique au lecteur. A travers le banc observant les vies (des enfants amoureux, un homme pressé, un vieux couple, un SDF...), nous sommes amenés à un travail d'imagination pour sortir des cases où les gens se croisent et parfois se trouvent. Pour penser à ce qu'il y a au-delà...
Le procédé est original, mais qu'est-ce qui en découle, autre qu'une frustration de voyeur se perdant en suppositions ? Si on dépasse ce sentiment étrange d'être le banc, faisant l'effort demandé par le livre, on verra qu'il met en exergue certains travers de la société. Même si il use de nombreux clichés ; c'est souvent pour mieux s'amuser d'apparences trompeuses.
Un peu de bois et d'acier est une chorégraphie parfois percluse de bons sentiments, mais qui offre une expérience de lecture particulière qui nous interpellera encore après l'avoir vécue.