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L'Oncle Sam, l'un des symboles des Etats-Unis, aux côtés de l'Aigle et de Columbia, nous renvoi à tous l'image de cet homme d'âge mûr en redingote élimée et colorée et en chapeau haut de forme aux...
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Sam est un clochard délirant dans les urgences surchargées d’un hôpital public. Il est jeté dehors, trainant dans les rues crades de l’Amérique ses guêtres, sa faim et ses souvenirs.
Il se nourrit de déchets piochés dans une poubelle et de ses rêves éveillés. Sa mémoire, celle de l’Amérique, revient. Il déambule dans les replis honteux de l’histoire d’une nation.
« Je traverse une nation couverte à parts égales de désespoir et de crasse. » (Uncle Sam)
La guerre contre les Anglais. La promesse de l’Indépendance. Un président assassiné dans un cabriolet. Les Indiens massacrés malgré le drapeau blanc (« Quatre cent traités. Violés. Tous, chacun d’eux » Chef Black Hawk). Les lynchages du KKK (« Parfois, avant le lynchage, la foule coupait les oreilles et les doigts de la victime et faisait tourner. D’autres fois, ils utilisaient des tire-bouchons et à chaque fois que ça ressortait, ça venait avec un morceau de chair. ») Une guerre civile fratricide.
Des souvenirs honteux auxquels se confrontent des moments de splendeurs, des grands hommes aux prophéties inquiétantes.
« Le pouvoir de l’argent du pays s’efforcera de prolonger son règne en travaillant sur les préjugés du peuple jusqu’à ce que la richesse est agrégé dans quelques mains et la République est détruite. » (Abraham Lincoln)
Revenu aujourd’hui, Uncle Sam écoute le discours du sénateur Cannon où il entend la vérité cachée derrière des mots creux. Il y découvre un candidat aux « spots agressifs et malhonnêtes qui ont semé le doute dans les esprits », prêt à voter des « lois au bénéfices de corporations, et aux dépens des gens moins influents », qui a « utilisé des slogans calibrés à bas de « valeurs familiales », de « quotas d’embauches », de responsabilité fiscale » et de compétitivités globale » pour faire croire que je me sens concerné, alors qu’ils cachent mal mon mépris à votre encontre ». Un candidat pour qui « avec assez de temps et d’argent, vous pouvez faire accepter à peu près n’importe quoi au peuple américain ».
Et Uncle Sam découvrit un autre lui-même.
« J’ai vu une créature insensible et malfaisante se prétendant être l’esprit de l’Amérique. Je l’ai attaqué et je me suis heurté à des échasses de bois. » (Uncle Sam)
Dans la rue crasseuse de l’Histoire, Sam se trouve pour compagnon de galère, de déchéance, Britannia et son vieux lion fatigué de l'empire britannique.
« Je pensais que le soleil ne se coucherait jamais sur moi. Bien sûr, j’ai déchu il y a longtemps. […] Mais toi, ta chute… à côté, me histoire passera pour un match de cricket en province. » (Britannia)
Sam retrouve sa raison quand il retrouve son alter ego féminin, Columbia. Peut-être a-t-il oublié en route que l’avenir de l’Homme est la femme ? Beaucoup l’oublient encore… Elle lui rappelle ses erreurs passées, mais aussi les fondements de la nation.
« Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d'établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d'Amérique. » (Préambule de la Constituion états-unienne)
Un autre symbole abandonné essaie aussi de le ramener à la raison, l’ours de l’URSS.
« Il l’a pas plus l’air d’un empire du mal que moi d’un symbole de la démocratie. » (Uncle Sam)
Et vient le symbole d’une liberté ratée, Marianne.
« Elle aussi a fait sa révolution. Elle a eu cinq ans de « Liberté, égalité, fraternité » et puis, PAF… ça a basculé dans la terreur. […] Il est plus facile de vivre avec la peur que de travailler à la liberté. » (Britannia)
Et comme un avertissement.
« C’est la réalité de la liberté, Sam. On ne sait jamais ce qui va arriver. Et le seul moyen de savoir comment la liberté fonctionne est d’y arriver. » (Britannia)
Uncle Sam décide donc de se battre contre sa parodie, ce patriotisme clinquant de ce tournant du siècle.
« J’ai essayé de faire comprendre aux gens que faire face aux problèmes était honorable. Toi, tu leur dis de chercher l’honneur en ignorant ces problèmes. Toi, ton truc, bonhomme… C’est du vent, une publicité pour un produit qui n’existe pas. » (Uncle Sam)
Uncle Sam finit par gagner son combat contre ses propres démons. Il repart optimiste parcourir les rues de l’Amérique tout en chantonnant.
Mais en ce 8 novembre 2016, jour de la victoire démocratique du sénateur Cannon / Donald Trump, Uncle Sam n’a-t-il pas perdu sa bataille contre lui-même ? Est-ce donc ça « la réalité de la liberté » ?
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Créée
le 9 nov. 2016
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