De Vian à Johnston en passant par le Dub, un voyage musicale incroyable

Qui se risquerait à donner une définition entendable, consensuelle du mot underground? Ceux qui l'affichent dans leur bio, allant même jusqu'à l'intégrer dans leur nom de groupe sont-ils vraiment underground? On se revendique underground pour aussi se distinguer du mainstream, de l'accessible, du populaire ? Donc il faudrait être confidentiel pour être underground? L'underground, rien qu'à travers ces premières questions, montre bien son côté polymorphe, difficile à délimiter, définir, notamment dans le secteur musical. Comment y voir clair? je vous propose un éclairage d'Arnaud le Gouëfflec et Nicolas Moog paru chez Glénat.
Les deux auteurs dressent le portrait imagé d'une foultitude d'artistes musicaux illustrés par des planches encrées noir avec un trait à la Charles Burns, très graphique. Et la sélection est absolument incroyable. Vous allez découvrir ou redécouvrir le parcours de Jonathan Richman et ses modern lovers, la radicalité de "the residents", la vie de dénuement de Moondog ou comment il a été recueilli par une fan allemande alors qu'il faisait la manche outre Rhin. En matière de radicalité, il y a celle de Kevin Coyne qui, fort de ses convictions artistiques, refuse de succéder à Jim Morrison au sein du groupe The Doors. Le voyage musical que nous propose Arnaud le Gouëfflec et Nicolas Moog se fait à travers les styles, les continents et les époques. De la France avec l'évocation de Colette Magny, Boris Vian ou encore Brigitte Fontaine ou encore Eliane Radigue, pionnière de la musique électronique , à L'Océanie en mettant en lumière le destin de Chris Knox, fondateur du groupe néo-zélandais Tall dwarfs. Sans oublier des songwriters connus par leur marginalité comme Daniel Johnston pour le lo-fi ou encore Sun Ra avec sa vision très personnelle du jazz et son rapport avec les forces du cosmos. Il y a aussi de magnifiques planches sur le Krautrock ou encore le Black metal avec l'anecdote de Thruston Moore, fan fondu des Légions noirs de Brest. Il y en a encore tant d'autres à explorer en feuilletant cette somptueuse BD qui a le bon goût d'être érudite sans être élitiste, esthétique sans être trop rococo. Cerise sur le gâteau à la fin une discographie toute en images qui laisse augurer des heures d'écoute de musique "underground"

Verstraete_Oliv
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le 13 sept. 2021

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