Prenant place dans le contexte d'une époque troublée du Tokyo des années 60, notamment dû aux révoltes étudiantes, cette histoire inspirée de faits réels va rassembler plusieurs de ces "unlucky young men", comme le dit l'auteur Eiji Otsuka et comme ils s’appelleront eux-même par la suite, qui vont tenter de trouver un sens et un objectif à leur vie. Nombre de ces derniers sont aussi tirés de la réalité. Un d'eux, T, a par exemple très clairement pour inspiration directe Takeshi Kitano.
La première étape de ce récit va graviter autour d'un fameux braquage au Japon, le casse des 300 millions de yen. Le portrait-robot du coupable toujours inconnu à ce jour se retrouve ici sur les couvertures, et ce casse se déroulera de manière assez originale, le rendant encore plus insensé. La suite prendra quant à elle des tournures tout aussi inattendues, avec d'intéressants personnages, bien écrits, et loin d'être tout noir ou tout blanc. Et en place des classiques monologues internes de leur part, l'auteur a fait le choix de laisser la parole à un poète du début du 20ème siècle, Takuboku Ishikawa, au travers de quelques vers à chaque chapitre. Ces éclats de poésie ayant pour impact de renforcer cette atmosphère dure où la mort est omniprésente.
On peut aussi remarquer le beau travail d'édition, avec un format appréciable, des couvertures cartonnées, et un papier de qualité. Mais aussi une bibliographie citant livres, magazines, et films ayant inspiré la création de l'oeuvre en fin du second volume, chose que je ne pense pas avoir vu jusque là dans un manga.
Ce polar aux allures de film noir est donc une très bonne lecture imprégnée de réalisme.