Mauvaise réputation tenace
Pauvre Witchblade.
Série porteuse de tellement d'a priori, justifiés en un temps lointain maintenant. Difficile de prendre sa défense tant il est vrai, elle a connu des périodes... je ne trouve pas le terme... pour limiter la casse: "médiocre".
Début de la série avec Wohl, Silvestri et Haberlin au scénario et Turner aux dessins:
Racoleur, insipide et assez mal géré. Un parfait exemple de ce que les années 90 ont produit. Les dessins ont fais le succès de la série et de son auteur. Pourtant, ils sont très maladroits: tenues tape à l'oeil qui ont tendance à se déchirer très facilement, poses stéréotypées tout en courbure, erreurs anatomiques ( qui font aussi le charme cela dit ) . On peut néanmoins signaler les progrès d'épisode en épisode, plus détaillés, moins dans l'effet facile de la "nudité" - tout est relatif quand on parle de nudité, on est dans un comics, hein. Bref, Turner s'affirme et c'est agréable à lire.
Du côté de l'histoire, l'héroïne n'est absolument pas attachante voir même agaçante - on peine vraiment à se sentir impliqué dans ce qui lui arrive et encore moins à avoir de la compassion pour elle. Les méchants se veulent charismatiques mais brillent surtout par le flou scénaristique les entourant. Des intrigues mal foutues et une construction de "mythologie" maladroite qui ne fonctionne correctement, et encore, qu'à l'arrivée du "Darkness" de la série éponyme.
Note: 5 pour le début du "mythe" et la progression de Turner.
Après vient le massacre... Les épisodes qui ont plombé Witchblade.
La période Wohl/Christina Z/Green:
Les dessins ne sont pas à mettre en cause: Green a un trait agréable et bien géré, bien que très différent de Turner ce qui a pas mal fait râler les fans à l'époque. Mais là où le bas blesse c'est les scénarios qui atteignent un niveau d'intérêt proche du néant. On développe des tas d'intrigues toutes inintéressantes et que l'on sent confuses en prime. Les scénaristes ne savent pas d'où ils veulent en venir et ça se sent: la plupart des "intrigues" de cette période seront avortées et sans suite. Autant considérer ça comme une erreur et ne pas l'inclure à la chronologie de notre fliquette tant ça n'a ni queue ni tête: intrigue très "cul" - pour garder le côté racoleur ? -, avec un trip de mauvais goût SM en prime et toute une galerie de personnages qui ne servent strictement à rien. Affligeant... Il n'y a plus personne à bord et ça donne un suicide artistique qui plombera la série de manière regrettable...
Note: 1, pour Green.
Le run de Paul Jenkins avec Cha et Ching:
Excellent et fortement mésestimé à mon humble avis. Véritable architecte en son temps de l'univers Top Cow, Jenkins développe avec brio la mythologie Witchblade en donnant une véritable consistance à notre héroïne et à l'arme qu'elle porte. Avec "Universe", "Inferno" et donc Witchblade, Jenkins installe la notion d'univers partagé - que l'on connaissait déjà mais sans réelle cohésion jusque là. Les intrigues sont bien construites, entraînant une nouvelle facette de la Witchblade, plus perverse et manipulatrice, et installant une nouvelle "règle du jeu" entre le symbiote et l'hôte qui malheureusement n'a pas été assez approfondi.
En plaçant les protagonistes dans un univers instable, en prise avec des entités démoniaques et des prophéties inquiétantes, Jenkins donne à la série un intérêt qu'elle n'avait pas jusqu'alors. On sent néanmoins une certaine précipitation dans la clôture des intrigues afin de laisser la place à une nouvelle équipe artistique. Et c'est franchement dommage, on ne saura jamais la finalité des pions mis en place mais ça reste néanmoins bien géré!
Note: 7 facilement.
Retour de Wohl sur son "bébé" accompagné de Manapul:
Mauvais choix... Wohl fait régresser la série au point où il l'avait quitté - c'est en tout cas l'impression que l'on a: il ne garde que deux-trois éléments de Jenkins qu'il s'empressera d'annuler au cours de son run.
Le scénariste fait ainsi revenir des ennemis disparus - et ce n'était pas plus mal pourtant, ils ne nous manquaient absolument pas - qui n'étaient déjà pas intéressants et qu'il n'approfondira pas plus d'ailleurs. Ca donne une impression de "je fais revenir ou ressuscite tous les jouets que j'ai crée" ! Il fait remonter à la surface des intrigues souvent oubliées < sûrement histoire de donner une impression de prendre en compte la continuité >, sans leur apporter de réponses - le pompom ! Reste un très bon Manapul et quelques épisodes sympathiques...
Note: 5 en grande partie pour Manapul et le côté passable du tout.
Ron Marz, Choi et Sejic:
Nouvel architecte actuel de l'univers Top Cow, Marz doit ce statut à sa reprise en main de Witchblade. Parvenant à mixer les différentes périodes - surtout celle de Jenkins, dieu merci - de la série et à se les réapproprier sans pour autant les annuler - prends-en de la graine, Wohl ! -, il parvient à hisser la série à un niveau qu'elle n'avait jusqu'alors jamais connu. Très bonne caractérisation des personnages, retour d'un background de personnages secondaires bienvenu. Il fait le ménage dans les intrigues passés et aplanie le tout. Les personnages gagnent en charisme et la mythologie de l'arme s'en retrouve renforcée. En 20 épisodes, il parvient à rendre intéressante une série qui aura eu tant de mal à convaincre et surtout la développe autant, si ce n'est plus, que les 80 épisodes précédents. Et sans parler d'au-delà de l'épisode 100, encore inédit en France, où il joue avec les statuts quo, les personnages de l'univers Top Cow ect...
Vraiment très agréable à suivre !
Notre: 7 - j'adhère pas franchement à la peinture numérique de Sejic et pas si bien au final -
En définitive une série médiocre qui mérite tout de même de lui laisser une seconde chance ( à partir de l'épisode 80 qui est un bon point de départ sans se taper la médiocrité de certains des épisodes précédents - je conseille de faire un crochet par le run de Jenkins cependant -! )
Pour résumer: lire épisode 40-53 puis à partir du 80. Vous pouvez aisément vous passer du reste.