Au plus sombre moment de l'histoire mutante, un dieu revient à la vie...

Mai 2016, x-men Apocalypse débarque dans nos salles. Logiquement, Panini profite de l'occasion pour sortir des x-men en librairie, tant qu'on y est avec le méchant du film. Malheureusement, et pour une raison qui m'échappe, point de republication du cross-over ultime des années 90, il faudra encore attendre pour retrouver Age of Apocalypse à un prix décent.


Néanmoins ce Deluxe a quelques atouts dans sa manche, le plus important étant qu'il comble la moitié du creux entre « House of M » et « Le Complexe du messie ». Au niveau continuité, il est donc relativement intéressant. Qu'en est-il de sa qualité intrinsèque ?


Je commence par les dessins, facile à critiquer ayant maintenant l'habitude de lire du Larroca. Comme d'habitude, il réalise un découpage hyper-classique, dépourvu d'idées. Son style est lisse, globalement il fait le taf - avec quand même des ratés récurrents et quelques réussites (les dialogues Emma/Cyclope on sent qu'il se chauffe par exemple).


Au niveau du scénario, on suit un gros bout de run tout de même. Peter Milligan a la lourde tâche d'installer le nouveau statu quo post-House of M. On commence d'entrée par un numéro spécial décimation, qui m'a bien plu. Rien de brillant certes, mais le scénariste saisit correctement l'ampleur du traumatisme et essaye de le visualiser avec une vue d'ensemble de l'univers mutant.


La suite n'est pas mauvaise, je dirais qu'elle est décevante. On vit aux côtés d'un groupe x-men en crise, gérant une école mutante touchée durement par le catastrophe et une équipe en proie aux doutes. Certains dialogues méritent franchement le détour pour une introspection intéressante comme le duo Colossus/Wolverine côté gros bras et celui Scott/Emma pour les dirigeants. Malheureusement, Milligan souhaite trop rapidement en arrivée à l'action et expédie ces éléments, comme s'il s'agissait d'un cahier des charges encombrants. C'est au contraire les combats qui m'ennuient. Je sais bien qu'il veut absolument caser son idée des 198 réunis, des sentinelles protectrices et d'un campus en dernier bastion de la mutanité. Sincèrement il le fait sans finesse et rempli des pages et des pages à partir d'un quiproquo idiot. Pendant ce temps, il ramène sa « reine des lépreuses », personnage au potentiel gâché par son manque de présentation préalable. Idem, il a des idées en qui concerne Polaris mais sa caractérisation - bien que juste à mon sens – tombe à l'eau par la mise en scène, entourant en permanence le personnage de combats. Quant à Iceberg, le scénariste assure, pour le coup rien à redire.


Le deuxième tiers de l'album prépare gentillement l'arrivée d'Apocalypse. On se ballade avec Lorna et Havoc d'une part, avec un scientifique dans l'espace de l'autre, et un égyptologue enfin. Toutes les pistes mènent à En Sabah Nur dont la cause du réveil découle directement du No more mutants de Wanda. J'enchaîne avec la troisième partie qui donne son nom à l'album. Franchement, l'arc se montre sympa sans être une franche réussite (un Deluxe c'est cher malheureusement, un Marvel Select aurait été plus adapté au rapport qualité prix). D'une part on retrouve tout le folklore archi sympa d'Apocalypse, toute sa mythologie.


On assiste en flash-back à sa première rencontre avec les célestes, on découvre son nouveau vaisseau (le sphinx d'Egypte), on voit son fidèle serviteur Ozymandias, le recrutement de ses cavaliers et son éternel idéologie du plus fort. Aussi, son plan présent n'est pas d'éradiquer l'humanité mais de remettre les deux races à égalité en massacrant un pourcentage similaire d'humains que celui de mutants annihilés par Wanda.


Le personnage d'Apocalypse en lui-même est bien écrit, au sommet de sa forme et déterminé à vaincre. Toutefois les x-men ne convainquent pas et leur opposition fait maigrichonne. Désunis face aux événements de la décimation, influençables devant Apocalypse, j'ai encore du mal à croire qu'ils aient finalement gagné


(l'aide des vengeurs et sentinelles fut plus que nécessaire d'ailleurs)


. Il est dommage de voir les mutants à ce point caricaturé par leur auteur, qui transforme Gambit en idiot fonçant tête baissé, les jeunes en fanatiques et Mystique en vieille mère cherchant à marier ses enfants.


Finalement, celui qui s'en sort le mieux dans l'album n'est autre que feu du soleil. Ridicule sous l'ère Claremont, Shiro gagne ici ses lettres de noblesse dans des séquences épiques, magistrales et narrés à la première personne. J'étais à fond derrière lui... C'est d'autant plus plaisant que cet élément clé de la vie du personnage sera réutilisé par Remender dans Uncanny Avengers, quelques années après.


En conclusion, Le sang d'Apocalypse permet de combler des éléments manquants entre House of M et Messiah Complexe tout en offrant des arcs sympathiques. Certes on regrettera l’absence d'un grand dessinateur pour justifier le format Deluxe mais on s'offre tout de même la dernière aventure en date de l'Apocalypse originelle (pas la version futur, ni la version clone ni un univers parallèle ou encore ses successeurs, le vrai!). D'ailleurs à ma connaissance, le cliffhenger sur En Sabah Nur n'a toujours pas été utilisé par Marvel...

WeaponX
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le 29 mai 2016

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