Une énième saga du phénix, mise en image par un Greg Land en transe

Le scénario se montre basique, très convenu et finalement ennuyeux. Il y a une volonté de faire un hommage à la saga originelle du phénix - rien qu'à voir la composition des membres - mais ce n'est guère recherché. Par ailleurs, tout le travail de Morrison sur le phénix comme entité ambivalente (phénix blanc, désinfection...) est assez méprisé, à peine mentionné aux détours de quelques répliques.

De même, ce comics me paraît assez anecdotique en ce qui concerne Quentin Quire, le fameux Kid Omega, alors même qu'il s'agit de son réveil suite aux tragiques événements du run de Morrison. L'horrible vérité qu'il découvre en émergeant (facile à deviner mais par prudence je ne spoile pas) est mal utilisée, essentiellement un prétexte pour donner une motivation au personnage sans chercher à creuser ses émotions et les changements suite à la prise de conscience vis à vis de ses actes.

Finalement, l'intérêt réside à deux niveaux. La relation Emma/Scott qui se voit bien exploitée, tout aussi bien mené que dans Astonishing x-men mais en abordant le problème plus intimement. Et puis le taf graphique de Greg Land.

Ce dessinateur peut se montrer capable du pire, du moyen, jusqu'au meilleur. Bien qu'il ne soit pas exempt de défauts, je classerai cette mini-série dans la troisième option, d'où un certain coup de cœur. Son premier épisode est une lecture passionnante pour les yeux, c'est magnifique, intriguant, bourré de moments forts visuels. Les Cuckoos sont parfaites (pour le coup la maîtrise des visages féminins est une constante chez Greg Land) ; Scott et Emma ont des images sublimes dans un moment fort émotionnellement ; son phénix claque sincèrement. Pour les épisodes suivants, je trouve qu'il impose sa marque sur la mini. Son style très flou sur les arrières fonds donne une identité graphique forte, je dois le reconnaître alors même que je suis plutôt gêné par ses personnages peu travaillés dès qu'on passe au second plan. Je dois aussi avouer avoir été légèrement dérangé par son décolleté exagéré dans les épisodes 4 et 5 pour un des personnages. Par contre, à chaque pleine page il assure et livre quelque chose de fabuleux. On a aussi un découpage réussi, peu innovant certes, et des plans avec visions subjectives très intéressants. Au niveau des couleurs, la rencontre du vert de Kid Omega face au rouge de phénix, les éclairs bleus de Tornade en arbitre, apporte aussi une fraîcheur à certaines planches.

Pour un fan des x-men, ce comics sent le réchauffé. On peut le lire pour la continuité, un néophyte peut s'en servir comme approche du mythe "phénix" si le style old school de Claremont et Byrne l'effraye, toutefois le vrai intérêt réside dans un graphisme qui ne peut laisser indifférent. On peut le critiquer, on peut l'adorer. Personnellement ces 118 pages m'ont beaucoup transmis...