Avec Young GTO (1991), Tōru Fujisawa nous offre une plongée dans les jeunes années de deux figures mythiques : Eikichi Onizuka et Ryuji Danma, futurs "Bad Boys" du lycée qui apprendront à enseigner à coups de poing (et d’ironie). Mais dans cette préquelle, ils sont encore en rodage, plus préoccupés par leurs bagarres de rue et leurs rêves d’amour que par un quelconque sens de la pédagogie.
L’histoire suit Eikichi et Ryuji alors qu’ils essaient de naviguer dans un quotidien rythmé par les rixes, les rivalités adolescentes et leurs maladroites tentatives de séduire des filles. C’est du pur shōnen délirant, où les scènes de baston absurdes côtoient des moments de comédie volontairement lourdingue. Si vous cherchez de la subtilité, ce n’est pas ici qu’il faut la chercher, mais si vous aimez l’exagération et le second degré, vous trouverez de quoi rire.
Eikichi est déjà le clown arrogant qu’on connaît, mais sans encore la profondeur du futur Great Teacher. Ryuji, plus posé, fait office de contrepoids, mais son rôle est souvent limité à celui de "complice raisonnable". Les personnages secondaires, eux, oscillent entre caricatures hilarantes et clichés un peu trop vus, ce qui donne parfois l’impression que l’histoire s’appuie un peu trop sur les codes du genre.
Les combats sont un point fort du manga, avec des affrontements exagérés et énergiques qui collent parfaitement au style de Fujisawa. Mais à force de multiplier les bagarres, certaines perdent en impact et deviennent un peu répétitives. De même, les motivations derrière ces rixes restent souvent superficielles, ce qui donne un côté "style sur substance" au récit.
Graphiquement, le style de Fujisawa est déjà reconnaissable : des personnages expressifs, des poses exagérées, et une énergie palpable dans chaque page. Cependant, certains décors et arrière-plans sont parfois minimalistes, ce qui peut donner une impression de vide dans certaines scènes. L’humour visuel, en revanche, fonctionne bien, avec des grimaces et des situations absurdes qui accentuent le côté comique.
Le principal défaut de Young GTO, c’est son manque de direction claire. L’histoire semble avancer au gré des bagarres et des gags, sans véritable fil conducteur ou évolution marquante des personnages. C’est amusant, mais on reste un peu sur sa faim en attendant des enjeux plus conséquents ou des arcs narratifs mieux construits.
En résumé, Young GTO est un manga fun et décomplexé, parfait pour ceux qui veulent une dose de comédie et de baston sans trop se poser de questions. Tōru Fujisawa pose les bases de ce qui deviendra l’emblématique GTO, mais ce préquel manque encore de la maturité et de l’impact qui rendront la suite culte. Une lecture plaisante, mais un peu brouillonne, comme ses héros encore en pleine adolescence.