1722 euros net sur une base de 1600 + les heures supp'

J'ai le sentiment qu'il n'y a pas tellement besoin de critique sur ce film. Le film est clair et ne se focalise que sur ce qui peut bien se passer dans la tête de Musulin.

Mise à part le filtre dégueulasse, il conviendrait presque de se concentrer en critique sur la morale portraitiste de ce travailleur qui veut sa part du gâteau.
C'est ce que je vais faire.

Le personnage de Tony Musulin est saisissant de sincérité et d'idiotie, un peu comme Albert Spagiari. Il est à la fois le fruit de la violence capitaliste (avec sa frustration, ses codes de goûts et de manières) mais il est aussi le pire produit du capitalisme, indépendamment de sa violence, c'est-à-dire qu'il est individualiste et ne pense pas, aussi sûr soit-il, plus loin que le bout de son nez. Ce qui me saoûle c'est que je déteste fondamentalement ce genre de personnage et qu'on puisse faire des films sur des voyous. Mais c'est tellement sociétal. Tu peux pas échapper.

Musulin n'est pas Scarface ou Robin des bois comme l'aime à entendre le p'tit rap à la fin du film, il est comme tous les voyous en cols blancs ou en cols bleus qui coûtent à la société, qui nous coûtent... et je ne peux pas m'empêcher de comprendre pour ceux qui connaissent la même souffrance que moi.

L'analogie entre le hold up "légitimo-crétin" et le sommet d'une montagne est l'histoire d'une libération mais pas d'une émancipation car l'acte en lui-même est plein d'orgueil. La guide de haute montagne affirme que plus rien n'a d'importance une fois au sommet. A Musulin, il lui reste l'orgueil à gravir. 2,5 millions d'orgueil qui coûte à la société.

C'est un personnage à la fois typique, simple et d'une détermination singulière. J'estime même que le film commence avec la naissance de cette idée d'écraser le monde entier, en déplaçant une montagne de blé fauché.

J'avoue une certaine fascination, oui.
Un modèle ? Un rebut ? Un opportuniste avec des couilles bien velues ? Un sioniste ?

Tout le monde le sait que celui qui court plus vite que les autres sera plus vite servi en rab' à la cantoche. C'est même marqué sur ta fiche de paie. Mais ce n'est pas une raison et, en même temps, il a toutes les raisons de courir plus vite que les autres.
Quand on dira de lui qu'il a payé sa dette à la société, on n'croira pas aussi mal dire !

***

TEXTE de présentation sur ma liste INDUS http://www.senscritique.com/liste/INDUS/185621#page-1/

Ambiance froide et électrique au sein de l'entreprise, de magasin, de boîte de nuit, de zone industrielle, de bowling, de box, de prison... C'est le sentiment d'être mis en boîte dans une société pressurisée par l'argent en général. De là à causer des intérêt financier, c'est un peu trop demander à ce film, hélas.

Certaines scènes (en zone industrielle, par exemple) révèlent une sorte de défouloir décompensatoire de cette pressurisation. Le protagoniste principal, lui, ne décompresse jamais.

Il est à noter aussi que le film contraste avec l'idée de la nature évoquée par la montagne, la neige et le grand air pour donner le change, du contraste à ce portrait d'un individualisme inique.

Une oeuvre sur la vanité ? J'ose même croire que Musulin a parfaitement sa place quelque part sur le tableau de gauche du Jardin des délices de Jérôme Bosch.
Andy-Capet
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes INDUS, Le bon goût... et le mauvais et Horreurs, crimes & lutte de(s) classe(s)

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le 22 mars 2014

Modifiée

le 24 mars 2014

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Andy Capet

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