Cette critique n'est pas totalement achevée, je la reprendrai sous peu


Douze hommes en colère relate l'histoire de délibérations, imprégnées du poids des préjugés, des chemins faciles, de la joute oratoire et de la confrontation verbale.
En effet, pas de scènes d'actions tonitruantes dans ce film en noir et blanc, ce qui représente tout à fait le dilemme manichéen qu'est en réalité l'intrigue du film : coupable ou non-coupable.
Tout d'abord l'exquis contraste des costumes, de la veste blanche au veston noir, embrasse parfaitement le plaisant jeu de persuasion et surtout de conviction dont le but est, en somme, de faire "retourner sa veste" aux autres.


Douze hommes dans une salle donc, tous d'accord à un seul près. L'issue semble inévitable, un homme n'étant pas bien difficile à convaincre face à douze de ses pairs. Seulement, et là est bien l'enjeu selon moi, ce dissident va user de son droit au désaccord et de sa verve et transforme ce véritable combat d'opinion en discussion édifiante face à la haine, l'incompréhension, l'exaspération et la stupidité. Ce film est un véritable éloge à l'art de la rhétorique, et à la civilité.
En effet s'il y a bien une leçon à tirer de ce film, c'est le comportement à avoir face à la rage, à l'agression bornée, quel qu’en soit l'émetteur, éminent homme lettré ou immigré, seul le message et les actes comptent, pas l'émetteur. Et cette attitude, c'est l'indifférence, et ce message de pacifisme est pour moi crucial, car l'unique personne à ne pas s'emporter et à ne pas injurier, c'est ce fameux dissident qui saura déjouer les a priori de ses collègues, saura simplement apporter ses idées, les transmettre et, sous le couvert d'un doute valable sauver une vie.


La scène clé de ce film se trouve pour moi à la soixante-dix-neuvième minute, alors qu'un des jurés déverse un flot d'injures quant à "ceux de l'espèce de l'accusé", rempli d'idées communes, d'opinions sans appel à l'encontre du jeune accusé. Et la beauté des autres, qui se lèvent, quittent la table, refusant de participer, de jouer ce jeu mortel. La distance exprimée face au locuteur dans ce passage est aussi bien physique que morale, et les personnages s'éloignent et lui tournent le dos, sans répondre. Tous se taisent, attendant patiemment que le locuteur s'exile de lui même, et comprenne qu'il a perdu tout crédit et qu'il n'appartient désormais plus au débat ;
La haine ne pèse dans aucune discussion, elle n'est en aucun cas un argument, voilà l'idée qu'illustre cette scène.
Le topos du temps qui passe est également une notion clé : au début du film, beaucoup sont pressées et se réjouissent de ce cas si aisé à régler. Ainsi pourront-ils vaquer à leurs loisirs et vite effacer ces délibérations de leurs mémoires, où ils auront envoyé un jeune homme à la chaise électrique. Seul bémol à leur plan si parfait, le fameux dissident, le seul à vouloir discuter et à ressentir un doute. Le fait d'argumenter posément, chose difficile dans cette assemblée d'hommes d'origines hétéroclites, de tout confronter et répéter est crucial, c'est lui qui apporte la distance nécessaire à une décision humaine et raisonnée.


Pour résumer ce film nous invite à reconsidérer nos attitudes face à la violence verbale et aux idées reçues, ainsi qu'à la façon dont nous exprimons nos idées, et à celle dont nous recevons celles des autres. Un film pour le moins humaniste et terriblement actuel, nous rappelant le poids d'une vie humaine.

TallyWa
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le 15 nov. 2015

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TallyWa

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