1900
7.6
1900

Film de Bernardo Bertolucci (1976)

1900 est le huitième film de Bertolucci. Il le sort en 1976 alors qu'il a sorti le Dernier Tango à Paris en 1972. Son projet est de faire une fresque historique sur l'Italie de la première partie du XXè siècle à travers deux personnages principaux venant de milieux sociaux différents : l'un, Olmo est un paysan bâtard, l'autre Alfredo est un propriétaire terrien. L'histoire débute en effet en 1901 à la mort de Verdi - on retrouvera d'ailleurs cette obsession pour Verdi dans le film tourné juste après : La Luna -, comme l'annonce l'Arlequin au début du film, et se termine à la fin de la 2ème guerre mondiale en 1945.

Le film nous montre ainsi dans la première partie, l'enfance des deux protagonistes qui malgré leurs jeux et attirance réciproque sont séparés par la classe sociale dont ils sont issus. Olmo va capturer des grenouilles qu'il accroche encore vivantes et frémissantes sur son chapeau d'où ont voit leurs jambes qui gigotent, et les vendra ensuite aux patrons qui les feront frire, mais ce n'est pas du gout du petit Olmo qui vomira tout. Ou encore le moment où Olmo, courageux alors que Alfredo est un couard, qui s'allonge au milieu de la voie de chemin de fer pour que le train lui passe au-dessus. Ainsi, leur relation va rester toujours ambiguë comme amitié impossible, ce qui ne les empêchera pas de se montrer leurs petites bistouquettes (et de nous les montrer à nous) et de se masturber à travers une poche trouée ou dans un champ.

D'autres scènes de quéquettes, cette fois-ci poilue avec celle du grand-père qui attire une petite fille dans l'étable quand les paysans font la fête. Il se jette dessus et on croit qu'il va la violer, mais il lui demande de traire la vache pendant que lui se tire sur la tige, mais rien ne monte : le pauvre gars, il bande mou. Il demande quand même à la petite de l'aider, mais il n'y a rien à faire. C'est foutu. Alors si on peut plus bander, à quoi bon vivre ? La petite fille repartie, il se pendra dans l'étable. On décrochera le corps, on le placera dans son lit et son fils fera venir le notaire pour dicter à la place de son père son testament sur son lit de mort. Ce sera l'occasion pour Alfredo de découvrir les mensonges des adultes et la malhonnêteté de son père.

Quand au père ou grand-père d'Olmo, je ne sais plus, il mourra tranquillement appuyé contre un arbre regardant le beau paysage de la campagne d'Émilie-Romagne, et les deux enfants n'ayant pas compris ce qui se passait iront tranquillement s'astiquer en (contre)champ.

Dans la seconde partie, Olmo (joué maintenant par Depardieu) revient de la première guerre mondiale où il a été appelé alors que Alfredo (joué maintenant par Robert de Niro âgé de 33 ans et ayant déjà tourné dans Mean Streets et Le Parrain 2) a pu y échapper grâce à son père. Ils vont tous les deux se rendre chez une prostituée, et après s'être demandés qui devait commencer, la prostituée a dit de faire "les deux en même temps comme ça, ça ira plus vite", mais Alfredo la fait boire et déclenche une crise d’épilepsie. Elle aura tout juste eu le temps de leur tripoter le zgeg dont celui d'Olmo était complètement mou, parce qu'il pensait à sa compagne qu'il était en train de tromper, et Alfredo avait à peine une demi-molle. C'est qu'en rentrant de la guerre, Olmo a rencontré une institutrice communiste, et il est tombé amoureux. Il lui fait un gosse, mais malheureusement elle meurt en accouchant. Alfredo quant à lui couche avec une jeune femme un peu dérangée qu'il prend d'abord pour la maitresse de son oncle - qui est homo ou bisexuel. Il la prend sauvagement au milieu des bottes de foin et se rend compte que cette dévergondée est encore vierge et qu'elle n'est pas du tout la maitresse de son oncle pervers. Ce dernier va les initier à la cocaïne qui fait son apparition sur le marché à cette époque là. La jeune femme dérangée ne pense qu'à s'amuser, elle conduit des voitures et écrit de la poésie, mais ne veut pas se marier. Au final, ils vont quand même se marier, mais ça va finir mal.

La cousine démoniaque d'Alfredo (avec qui il avait l'habite de batifoler quand il découvrait qu'il y avait autre chose que sa main pour s'occuper de son petit robinet), l'horrible Laura Betti et son amant le fasciste Attila (excellent Donald Sutherland) ont décidé de s'amuser avec un gamin pour pimenter leurs ébats, mais manque de pot Attila le fasciste (et non le Hun) a joué un peu trop fort avec le gamin et lui a brisé la tête. On retrouve son corps dans une remise, et Attila accuse Olmo qui batifolait avec la mariée qu'il avait attrapé dans ses filets. Olmo ne prend même pas la peine de dire c'est pas moi et se fait rouer de coups par les fascistes. À ce moment là, arrive un vagabond qui s'accuse du crime (il avait volé de la nourriture du mariage, et il croyait surement que c'était pour son crime à lui qu'Olmo payait, ce qui n'est pas juste).

Je ne vais pas raconter tout le film ici, il vaut mieux que vous le découvriez par vous-même. Sachez en tout cas qu'il dure 317 minutes, soit 5h17, donc à moins d'être complètement malades, prenez-vous y en plusieurs fois. Bertolucci nous livre ici une critique féroce des rapports de classe et nous fait une histoire en condensé de l'Italie à cette période de manière parfois presque symboliste, où personne n'est épargné, patrons, paysans (oui, vous savez, les fameux sans-dents), fascistes, communistes, et même à la fin du film les démocrates chrétiens, tout le monde y passe. Une œuvre qui prend le temps de développer une histoire, qui prend aussi le temps parfois de l'ennui, de la lenteur, qui bande mou parfois comme ses personnages, mais qui est dense et foisonnante, parfois naturaliste en nous montrant la vie des paysans parfois à la Tolstoï notamment dans le scène de la chasse aux canards, qui m'a rappelé les nombreuses scènes de chasse d'Anna Karénine, ou celle, plus proche d'un Bacon (sans jeu de mots) que vous ne verrez pas tous les jours au cinéma, lorsqu'ils tuent le cochon et que Depardieu lui-même nous l'ouvre en deux devant les yeux en sortant les viscères, qui si elle n'est pas autobiographique à première vue est un peu le Fanny et Alexandre, si j'ose dire, de Berto.

Créée

le 13 févr. 2024

Modifiée

le 13 févr. 2024

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Hunkarbegendi

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