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Mon premier de Dieudo Je commence très tard mais absolument gigantisme !Ses mimiques, ses dialogues, sa mise en scène franchement hilarant !
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le 11 nov. 2022
En 2005, Dieudonné revient sur scène avec 1905, un spectacle qui s’attaque à un sujet brûlant : la laïcité et la séparation de l’Église et de l’État, cent ans après la loi du même nom. À cette époque, l’humoriste est déjà dans la tourmente médiatique. Ses sorties polémiques lui valent de nombreuses critiques, et il devient un personnage aussi adulé que controversé. Pourtant, loin de se laisser enfermer dans un rôle, Dieudonné propose ici un spectacle ambitieux, où l’humour, la satire et la réflexion s’entremêlent avec brio.
Avec 1905, Dieudonné semble vouloir adopter un ton plus neutre, moins frontalement polémique. Il aborde la laïcité à travers une série de sketches incisifs et désenchantés, retraçant un siècle de tensions communautaires en France. Quand il ne s’égare pas dans des règlements de comptes personnels, il nous livre un spectacle d’une efficacité redoutable. Fidèle à son style, il campe des personnages inoubliables : beaufs racistes et agressifs, religieux fanatiques, lascars ahuris… Chacun est servi par un jeu d’acteur millimétré, des mimiques irrésistibles et des tics de langage qui font mouche.
Le clou du spectacle reste sans doute la fameuse scène de la réunion parents-professeurs. Un enseignant laïc, à l’accent toulousain savoureux, tente désespérément de concilier les exigences contradictoires de trois pères (musulman, juif et africain) et d’une mère catholique. Un moment de comédie à la fois burlesque et percutant, qui illustre l’absurdité de certains débats identitaires. Si le sketch s’étire un peu en longueur, son efficacité reste indéniable.
Avant même d’aborder son thème principal, Dieudonné commence par se moquer… de lui-même. Il parodie son propre public, tournant en dérision à la fois ses admirateurs inconditionnels et ses détracteurs les plus zélés. Cette mise en abyme est l’un des moments les plus réussis du spectacle : il raille ces fans qui rient à gorge déployée à la moindre allusion à Israël, tout en se moquant de ceux qui veulent à tout prix le faire tomber. Avec un recul impressionnant, il prend acte de son statut sulfureux et transforme le sujet en or comique.
Mais 1905 ne se contente pas d’être un spectacle introspectif. À travers le prisme de la guerre et du colonialisme, Dieudonné aborde des thèmes historiques et géopolitiques avec intelligence. Il met en lumière le rôle des soldats issus de l’immigration dans les conflits français, notamment les tirailleurs sénégalais en première ligne. Grâce à une mise en scène habile, il joue sur plusieurs niveaux : le regard du spectateur, ses propres apartés en coulisse, et enfin, le déroulement du spectacle lui-même. Ce jeu sur les perspectives enrichit la narration et évite l’écueil du simple enchaînement de sketches.
Dieudonné frappe large, et personne n’est épargné. Son spectacle prend un ton quasi utopiste : il brocarde toutes les communautés avec une égalité de traitement qui force le respect. Les catholiques en prennent pour leur grade (le sketch sur Galilée est un chef-d’œuvre de burlesque), les Asiatiques sont les victimes de running gags mordants, tandis que les Arabes, Juifs et Blancs sont disséqués avec une finesse rarement égalée.
Là où 1905 brille particulièrement, c’est dans sa capacité à parler à la jeunesse et à la diversité de la France contemporaine. Dieudonné capte avec acuité les travers de notre société et les tensions communautaires, sans jamais sombrer dans le moralisme ou la lourdeur. Il fait rire, il fait réfléchir, il bouscule. Un équilibre subtil qui rend ce spectacle aussi jubilatoire que marquant.
Et pour conclure ? Il choisit d’aborder… Rien. Une pirouette géniale, qui clôt 1905 avec une ironie désarmante.
Avec 1905, Dieudonné signe l’un de ses spectacles les plus aboutis. Servi par un texte ciselé et une mise en scène parfaitement calibrée, il livre une critique sociale féroce et un one-man-show d’une efficacité redoutable. Entre autodérision, cynisme et éclats de rire, il prouve une fois de plus qu’il est un maître du One-man-show.
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Créée
le 25 févr. 2025
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