Roland Emmerich a souvent filmé la fin du monde et si le bonhomme est loin de ce que l'on pourrait appeler un bon réalisateur on peut, sans hésiter, dire qu'il s'agit là de son pire travail à date. Quand on se rappelle qu'il a réalisé "Le Jour d'après", "Godzilla" et "The Patriot, le chemin de la liberté" ça donne une idée de l'ampleur du bousin !
Impossible de procéder par ordre dans la description de cette... chose filmique. Parlons simplement de John Cusack... Je suis pourtant enclin a la clémence avec lui de part la sympathie qu'il dégage naturellement. Seulement la sympathie c'est comme tout, ça a ses limites et là elle sont largement franchis. Dans son rôle éculé de père brave-mais-qui-a-du-mal-avec-ses-enfants-car-l'adolescence-c'est-pas-facile-mais-si-rappelez-vous il ne fait strictement aucun effort pour donner le minimum de relief nécessaire. Le film étant centré sur son personnage c'est un peu normal qu'il canalise toute l'attention mais ça serait parfaitement injuste de mettre de côté le reste du casting, tout aussi mauvais ou tout du moins fainéant.
En même temps comme leur en vouloir ? Ils ont tous lu le scénario et je crois que personne à leur place n'aurait chercher à forcer son talent. Emmerich est souvent attaqué, à raison, pour ses scénarios bourrés de clichés de facilités. Sans doute conscient de la chose le réalisateur décide de prendre tous les clichés du genre et de les... multiplier.
Un président des USA digne d'un saint, on risque tout pour sauver un clebs, un gros méchant-forcément russe- qui est punit, des grands discours niais qui font changer d'avis, en 2 minutes, plusieurs dizaines de milliers de personnes, un fou-pas-si-fou-que-ça, un couple qui se reforme à travers les durs épreuves, etc.....
Je vous épargne le reste, vous avez compris le topo. Le tout est évidemment saupoudré de rebondissements complètement débiles et dont la crédibilité dépasse le zéro pour en devenir carrément négative. Rien que le début et sa séquence digne du jeu "Road Avenger" où un camping car évite des projections volcanique avec l'agilité d'une moto de course. Le mieux étant les fameuses projections qui font des impact gigantesques lorsqu'elles tombent loin du camping car mais entrainent à peine un soubresaut de la terre lorsqu'ils tombent à proximité du héros... Premier pas dans le ridicule le plus achevé et qui ne fait qu'inaugurer la course effrénée vers le n'importe quoi qu'est le reste du métrage. Plus le film avance et plus c'est pathétique à l'image d'un mec qui va chercher des couches pour sa fille alors que la maison lui tombe dessus ou d'une nana qui voit son petit ami broyé sous ses yeux mais qui, 10 minutes plus tard se tape déjà son ex comme si de rien n'était.
"Ouais mais c'est un film d'action à effets spéciaux, c'est pas fait pour réfléchir" vont arguer les amateurs en panne d'arguments pour défendre cette croûte. Déjà il y a une franche différence entre "se détendre sans réfléchir" et "être pris pour un demeuré qui n'a jamais eu de cerveau", différence que le film ne fait pas.
Ensuite parlons un peu d'action et d'effets spéciaux. Il y a des effets spéciaux partout, tout le temps et pour n'importe quoi, la plupart du temps assez bien fait. La surdose d'effets participe grandement à cette absence de crédibilité, tout est énooooooooooooooooooooooooorme et les situations sont étirés jusqu'au point de rupture... d'anévrisme malheureusement.
Pour ce qui est de l'action on pourra se pencher sur la narration, particulièrement laborieuse. Le film dure trois fois trop longtemps pour ne rien raconter, surtout la dernière partie avec le bateau (je spoil mais honnêtement qui en a quelque chose à cogner ?) où les rebondissements poussifs et les retournements de vestes idiots s'enchaînent jusqu'à l'écoeurement.
On passe ainsi son temps à regarder sa montre tant le désespoir nous gagne devant un tel étalage de stupidité. Évidemment inutile de préciser que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et qu'en dehors du gros russe bien identifier jamais les ambiguïtés et bassesses possibles et envisageables dans de telles situations ne seront explorées. Le président des USA nous annonce sur CNN qu'on va tous mourir ? Okay tant pis, c'est pas grave, allons aider cette petite fille qui a perdu ses parents et réunissons nous dans une grande communion oecuménique... Et oui, pourquoi s'embarrasser avec des subtilités et de la profondeur quand on peut faire croire qu'un beau discours avec les violons de rigueur suffit à apaiser les gens et leur faire comprendre que la vie des autres est plus importante que la sienne et qu'il n'y a que ça qui nous sauvera. Forcément il faut aussi finir tout ça par un happy end... bah ouais il y a eu 4,5 milliards de morts mais tout va bien quand même.
Touchant mais complètement con, le message écolo-humaniste qu'on essaye de te rentrer au burin dans le crâne.
Il n'y a donc absolument rien à sauver de l'expérience: mal joué, écrit avec les pieds, inintéressant, trop long, mal rythmé, abrutissant, fatiguant... 2012 est typiquement le genre de film encore pire qu'on ne l'imaginais au premier abord... et pourtant j'ai l'imagination fertile.