Troisième et ultime volet des aventures des Century Boys, "Notre drapeau" prend immédiatement place après les évènements de l'opus précédent. Ami est désormais président du monde et dirige, via un subtil mélange d'oppression, de mesmérisme et de désinformation, tous les peuples et gouvernements de la Terre. Toujours aussi messianique, le mystérieux prophète, vivant dans un Tokyo transformé en une forteresse, annonce une terrible attaque extra-terrestre pour le 20 aout 2017, "et seuls ceux qui croiront en lui seront sauvés". Mais, malgré cette apparence de sapience et d'omnipotence, le fondement de l'empire d'Ami commence à s'effriter. En effet, certains de ses lieutenants, déçus et en recherche de rédemption, le laissent progressivement tomber et la jeune Kanna a réussi à lever dans Tokyo une armée clandestine qui mène la vie dure aux force de l'ordre. De plus, le terroriste Otcho s'est évadé de sa prison et l'on annonce l'arrivée prochaine de l'auteur de cette chanson devenu un nouvel hymne de liberté: Kenji Endo!
C'est donc avec un grand plaisir que l'on retrouve les personnages de l'un des meilleurs mangas jamais écrits et dessinés. Tourné dans la foulée du précédent épisode, "Notre drapeau", toujours réalisé par Yukihiko Tsutsumi, reprend bien entendu tous les enjeux, les tenants et les aboutissants d'une intrigue générale plutôt complexe, présentant un arc principal riche en personnages et en situations, puisque se déroulant sur deux générations. Le scénario est ici d'autant plus riche en flash black que cet épisode est celui des révélations. Devant une telle masse d'éléments narratifs à traiter, Tsutsumi a donc été contraint de tirer un peu sur les rênes après nous avoir offert un deuxième opus un peu plus énergique que le premier, devant s'obliger à retrouver un rythme très posé, avec un grand nombre de séquences dialoguées.
Le film n'en est pas pour autant inintéressant. Au contraire, l'intrigue est tellement captivante et si habilement dessinée que suivre les agissements de tous ces personnages très attachants est un réel plaisir, et cela même si l'on est plus amateur de films musclés que de dramas. Pour ce qui est d'Ami, le personnage est toujours aussi fascinant, aussi mystérieux, et son pouvoir sur les masses très intelligemment mis en forme, sans tomber dans l'exagération. Une sobriété qui permet à l'aspect critique (politique, religieux et social) de cette trilogie de ne pas sombrer dans la caricature et donc d'éveiller notre attention.
20th Century Boys parle aussi de nos douleurs et nos plaisirs d'enfance qui forgent notre personnalité d'adulte. Rien n'est vraiment oublié, tout est assimilé et psychologiquement recyclé. Cet élément important de la structure dramatique de la trilogie est encore plus visible dans "Notre drapeau", quand tous les morceaux du puzzle commencent à se remettre en place. Durant toute la série, on sent bien qu'Ami est plus un homme déchiré par la peine et la misanthropie qu'un véritable mégalomane, ses pulsions annihilatrices le prouvent et on en a la preuve dans cette conclusion. Quand au responsable de la situation, ce n'est pas forcément celui que l'on croyait. Cet opus, qui triture sans concession le passé des Century Boys, est donc forcément le plus riche en moments émouvants, en retrouvailles et en reconsidérations et, souvent inspiré, Tsutsumi nous offre quelques passages très réussis dans le genre.
Enfin, 20th Century Boys doit également sa réussite à la nature de son casting. Tsutsumi a en effet eu la chance d'avoir à sa disposition un parterre de comédiens très talentueux. Les plus en vue, comme dans les précédents volets, sont Etsushi Toyokawa et Toshiaki Karasawa, deux acteurs formidables qui interprètent respectivement Otcho et Kenji Endo.