Tristan de Cunha, 37°4S, 268 habitants perdus au milieu de l'océan Atlantique, plus Nick, plus, Ann, sa petite amie. Sous des faux airs de documentaire, Adriano Valério nous plonge dans l'esprit contrarié d'un adolescent qui doit voir partir sa bien-aimée pour de nouveaux horizons anglais. A travers sa marche réflexive sur la seule route de l'île, Nick tente de comprendre et surtout de se rassurer quant à cet avenir soudainement flou. Dans un environnement en constant changement et à la rudesse extrême, il tient bon et appréhende l'éloignement en le mesurant, en énumérant des constantes sur lesquelles il peut s'appuyer, des faits invariables et rassurants.
Les quelques notes d'une musique douce composée par Romain Trouillet l'accompagnent à travers des paysages déserts, dépeuplés par l'absence de l'être aimé et défilant comme des diapositives. Nous croisons néanmoins sur le flanc d'une falaise un grand-père aux conseils avisés et au visage creusé par le vent et l'expérience, puis un autre tâtant du club de golf entre les vaches.
Le choix de la voix off participe aux apparences de documentaire mais confère surtout une plus grande liberté d'images à Loran Bonnardot et Adriano Valerio, chargés des prises de vue. Plus qu'une simple illustration de ce qui est raconté, elles pourraient paraître redondantes mais tendent vers la contemplation fascinée voire la poésie. L'utilisation du ralenti ou encore d'un très beau flou sont autant de partis-pris qui magnifient cette île tantôt menaçante, tantôt apaisante.
Le ton est doux, se gardant bien d'être "trop romantique" et sa simplicité empreinte de beaucoup d'humour. C'est donc touché et avec beaucoup d'entrain que l'on emboîte le pas à Nick, disposant de deux kilomètres quatre vingt dix pour se persuader que "tout va bien se passer".