Un film sensible et émouvant sur le destin tragique de Romy Schneider

Nous sommes en avril 1981. L’actrice Romy Schneider (Marie Bäumer) est venue à Quiberon pour une cure de thalassothérapie. Sortant alors d’un divorce difficile avec Harry Meyen (qui s’est suicidé en 1979), et en plein divorce avec Daniel Biasini, le père de sa fille Sarah, l’actrice se reproche de ne pas assez s’occuper de ses enfants. Elle qui, généralement, fuit la presse, accepte une interview de deux journalistes envoyés par le magazine Stern.


Refusant d’écouter les conseils de son amie Hilde (Birgit Minichmayer), qui réprouve l’interview, elle accepte de répondre aux questions du journaliste dans l’espoir de balayer une fois pour toutes l’image négative qu’elle a auprès de son public. Mais loin de l’apaiser, les questions intrusives et à la limite de l’indécence de Michael Jürgs rajoutent à son mal-être. Romy retombe dans ses addictions, la cigarette (elle fumait trois paquets par jour), l’alcool et les somnifères.


Pendant qu’elle fait des photos, elle glisse sur un rocher et se brise le pied gauche. Rentrée à Paris, elle ne peut reprendre, comme prévu, le tournage de La passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio, qui sera son dernier film. La mort accidentelle et particulièrement cruelle de David, son fils de 14 ans, en juillet 1981, précédera de peu son propre décès, moins d’un an plus tard, à l’âge de 43 ans, dans des conditions toujours non élucidées mais sans doute liées au cocktail médicaments et alcool.


C’est cette courte période que retrace le film.


Mon opinion


Le choix de l’actrice Marie Bäumer, dont la ressemblance physique (et la voix) avec Romy Schneider est frappante, est sans conteste le point fort du film. Dès les premières images, où on la voit de dos contempler la mer sur la terrasse de l’hôtel, on ne peut qu’en être troublé.


Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider s’est dite scandalisée par ce film car, selon elle, sa mère n’était ni alcoolique ni accro aux médicaments et qu’elle entretenait avec ses enfants, en particulier avec son fils David, les relations d’une mère aimante.


La réalisatrice Emily Atef, quant à elle, se défend d’avoir voulu réaliser un biopic de l’actrice et insiste sur le fait qu’elle a fait œuvre de fiction, ce dont le spectateur aura du mal à convenir.


Quoiqu’il en soit des faits, on ressort du film bouleversés, non par les scènes de déchéance qui nous sont montrées, mais par l’empathie que l’on ressent pour cette femme complexe et malheureuse, passant sans cesse du rire aux larmes, incapable de renoncer à son métier d’actrice tout en souffrant de n’être pas plus proche de ses enfants. On pensera à d'autres stars disparues au destin comparable, comme La Callas, James Dean, Heath Ledger, River Phoenix, et bien évidemment l'icône absolue que fut Marilyn Monroe, ou, plus récemment Philip Seymour-Hoffman.


J’ai personnellement trouvé ce portrait très beau et traité avec plus de finesse que ne le laissent penser certaines critiques et je recommande ce film à tous les amateurs de cinéma, et à tous ceux pour qui Romy Schneider restera à jamais une grande actrice.

Créée

le 20 nov. 2018

Critique lue 220 fois

Roland Comte

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