En 1932, alors que la Grande Dépression qui frappa violemment les États-Unis trois ans auparavant bat encore son plein, le célèbre et très fatigué metteur en scène de Broadway Julian Marsh décide de monter, pour un ultime show, son chant du cygne, le spectacle "Pretty Girl" avec comme vedette la star vieillissante du musical Dorothy Brock. Cette dernière, tiraillée par son amour pour son ancien partenaire de vaudeville et sa volonté de rester au sommet de la gloire, donne la pleine mesure de son talent mais, la veille de la première, après cinq longues semaines de répétitions intensives, se blesse à la cheville et se voit ainsi dans l'incapacité d'assurer le spectacle. Heureusement la relève est là. Et quelle relève! Elle est fraiche, naïve, souriante, pleine de vie et complètement débutante dans le milieu du spectacle. En fait elle ne doit sa place dans la troupe qu'à sa gentillesse, son abnégation nonchalante et sa capacité à s'endormir à peu près n'importe où et n'importe quand. Elle s'appelle Peggy Sawyer. Elle est pétrie de talent. Et grâce aux sages recommandations de ses amies danseuses et de son compagnon, également danseur, qui lui conseillèrent d'apprendre en plus de sa partition, celle de Brock, elle est la seule à pouvoir remplacer au pied lever la star blessée... Le spectacle sera une réussite décoiffante et deviendra un hit.

Évidemment je n'ai pas vu tous les films de l'histoire du cinéma, et c'est donc du haut de mon inculture manifeste que j'énonce, mais il se pourrait bien que 42nd Street soit le premier film de son genre, celui de la comédie romantique en backstage. Adieux strass et paillettes, bonjour travail de fourmis, blessures, compétition et nuits blanches! L'envers du décor quoi. Si la recette de la découvre de l'amour entre deux danseurs d'un même spectacle est aujourd'hui éculée, notons qu'elle devait à l'époque chamboulé l'univers assez moribond de la comédie musicale. De même que ses numéros dansants magnifiquement chorégraphiés par Busby Berkeley (grand friand de kaléidoscope) et mis en valeur par la caméra virevoltante et Lloyd Bacon (qui remplaça Mervyn LeRoy au dernier moment, le réalisateur de Waterloo Bridge ayant dû céder sa place à la barre pour des raisons de santé). Le travelling entre les jambes des girls est une merveille. Classique.

Comme beaucoup de films sortis pendant la Grande Dépression, 42nd Street a marqué de son empreinte cette époque maussade, et les chansons de Harry Warren et Al Dubin devinrent des classiques de l’Amérique en crise des années 30 en même temps que des cris de ralliement pour fêter la fin de la prohibition. Le film est également le théâtre d'une mise en abîme intéressante : celle du déclin de Bebe Daniel, enfant star du muet, et de l’éclosion (brève) de Ruby Keeler (qui était alors la femme de Al Jolson). A noter la présence au casting de Ginger Rogers, ère pré-Fred Astaire.
blig
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le 28 nov. 2014

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blig

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