Ca n'a pas été une surprise pour qui que ce soit lorsqu'on a apprit que la Fox, après le succès de Piège de cristal, sortait deux ans plus tard sa suite. McTiernan n'étant pas disponible, on avait fait appel à un jeunot, Renny Harlin. Personne ne se démène comme John McClane, même quand sa femme était piégée dans un avion prêt à s'écraser la veille de Noel. Cette suite nommée 58minutes pour vivre, a-t-elle un intérêt?
Au moins cette fois il a ses godasses
Un réveillon gâché par des vilains terroristes au plan machiavélique, une tempête glaciale, John McClane ENCORE là au mauvais endroit au mauvais moment, sa femme Holly prise en otage, Powell au téléphone (brièvement hélas), le journaliste Thornburg toujours aussi pourri et opportuniste, tout au départ laissait à penser que cette suite ferait de la récup. Heureusement, nous avons là un réalisateur qui, bien que n’arrivant pas à nous offrir un scénario palpitant, arrive à changer le schéma narratif de son homologue. Grace à son enquête, le groupe de mercenaires préparant l’évasion d’un prisonnier, et les séquences dans l’avion d’Holly, 58 minutes pour vivre opte pour une intrigue plus concise bien que longuette.
On sait que le but premier de cette suite, c'est, tout comme d’autres suites avant elle, faire comme son frère ainé: nous en mettre plein les mirettes. Renny Harlin n’est pas un John McTiernan, ne fera donc pas du McTiernan. Tout en gardant les bases et codes propres à la franchise crée en 88, notre nouveau réalisateur va doser l’action, ayant cette volonté d’apporter cette fois de l’épaisseur au scénario et surtout, poser son style.
Le schéma narratif va changer, et même si la situation reste globalement la même que ce qu'il c'était passé à la tour Nakatomi, nombreuses évolutions et autres changements seront au programme. On va pas se foutre de vous en vous resservant le même plat. La Fox, elle nous prend pas pour des buses. Ne rivalisant pas pour autant avec Piège de cristal, ça n’interdira pas 58 minutes pour vivre de nous offrir une bonne heure cinquante d'action pur.
Déferlement de violence et de morts, cascades, explosions, punchlines toujours bien menées par un Bruce Willis se débrouillant comme un chef, jouant de sa tchatche, de son culot, et son humour sarcastique. Il s’improvise agent de piste, il poursuit les terroristes en motoneige, il échappe à la mort à de nombreuses reprises, fait tout mieux que les forces de l’ordre et l’armée réunies, John c’est définitivement le héros parfait, même s’il galère à arrêter la clope.
Quand est-ce que j’aurais droit à un Noël normal moi ? Vous savez, le
sapin, la dinde, le feu de cheminée en famille, mais non, on est si
bien dans une putain de conduite d’aération !
Bonjour le réveillon
Notre suite de Die Hard 1, question action, elle fait dans la surenchère. Typiquement le genre de suite allant plus loin dans le spectacle et dans l’émotion. On ne demandait pas mieux. La tension subsiste toujours, ses petites nouveautés comme l'utilisation d'effets ralentis héroïques permettant esthétiquement parlant de nous gratifier d’une petite nouveauté bonne à prendre, ses moments chocs (le tragique détournement et crash d’avion montrant que parfois, les héros peuvent perdre), cette scène de panique, cette ambiance huis clos s’ouvrant en se permettant d’élargir son chant d’action en voyant son héros aller de lieux en lieux, cet aéroport grouillant de monde ne rivalisera pas avec la tour Nakatomi mais bizarrement, ça passe.
Surtout, 58minutes pour vivre fourmille de nouveaux personnages en plus de retrouver Holly, le journaliste Thornburg et le Sergent Powell. Le Capitaine Lorenzo : un flic débile n’aimant pas qu’on marche sur ces plates bandes mais qu’on adore détester, Samantha Coleman : une journaliste pot de glue, Marvin : un gardien vivant dans les sous-sols de l’aéroport, Coleman : un major obstiné, Leslie Barnes : l’ingénieur de la tour de contrôle faisant un parfait équipier pour McClane, bref, les personnages secondaires mémorables, ce n’est pas ça qui manquera.
Die Hard oblige, notre méchant, celui qui a la lourde de tâche de passer après Hans Gruber, c’est le Colonel Stuart. Interprété par William Sadler, notre antagoniste tout en muscles et faisant son Tai-chi tout nu dans sa chambre n’a certes pas le charisme d’Hans, il a le mérite de participer aux scènes d’action. Comment oublier le petit caméo du vilain Robert Patrick, Némésis de Schwarzy dans Terminator 2 ? Mythique.
Oh merde, je rêve c’est pas vrai ça, je suis abonné aux sous-sols et
aux ascenseurs. Et on dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au
même endroit !
Au final, grâce à son mélange efficace d'action/d'humour/de tension, 58 minutes pour vivre, bien que n'offrant pas vraiment d'originalité, marche. Casting excellent, Bruce Willis mémorable (bien que moins drôle comparé à Die Hard 1), un méchant moins charismatique que son prédécesseur mais méchant quand même, des scènes d'anthologie (le siège éjectable), du suspense, de la violence, des explosions, des fusillades, des patates dans la tronche, un McClane qui en reprend plein la figure, une enquête bien développée, en bref, un excellent Die Hard, un excellent film d'action à voir sans se prendre la tête. Cependant, un peu plus longuet et moins rythmé que Piège de cristal.