Un nom, une vie, une âme, liberté.

Emission culte si il en est, Strip Tease nous aura proposé, au cours de ces 500 épisodes et des brouettes, toute une palette d'émotions, rassasiant au passage le côté voyeur plus ou moins prononcé que chaque individu possède en lui. Se voulant le miroir de notre société à travers des tranches de vie de gens comme vous et moi, sans artifices autres qu'une caméra et le talent de se faire oublier, cette émission du service public (comme quoi tout arrive) aura brillamment validé son postulat de départ! C'est en quelque sorte une des pierres fondatrices de la télé réalité dans une époque où les rageux et autres frustrés se faisaient beaucoup moins entendre. Et pour cause, la décharge des réseaux sociaux n'était pas encore à ciel ouvert! Mais attention si, à l'époque, cette émission faisait plus appel à la bonhommie et à la tolérance en nous présentant bien souvent des personnages qui, malgré leurs défauts, savaient se montrer par certains aspects finalement attachants, on ne va pas se mentir non plus, c'était aussi l'occasion de bien se foutre de la gueule de nos congénères parfois! On remerciera nos amis Belges et le Nord de la France, grands fournisseurs de talents pour ce type d'émission (gueulez pas, je vous aime!).

Alors qu'est-ce donc ici l'objet de cet énigmatique 600 gr de hachis? Certains, ayant sans doute lu ce titre un peu vite se retrouvèrent fort désappointés constatant que ce n'était point une émission pour jardiniers en herbes...Non ici c'est l'heure de gloire d'un certain Ludovic (physiquement le mixte d' Adrien Rabiot et de Grégoire Ludig) jeune réalisateur qui, cheveux au vent et clope au bec, semble bien décidé à faire exploser son immense talent à la face du monde! Car Ludo, des balloches, il en des grosses!!! Lui ne vise pas le court-métrage fait avec les moyens du bord et bénéficiant de l'aide des copains ou de la famille, non Monsieur, pour sa première oeuvre seul le ciel est sa limite! Jugez par vous même: une oeuvre jamais vue ni en France ni aux States, 80 millions de budget, la présence au générique de Sean Connery (bon, au final il se rabattra sur le boucher du Shopi du coin, véridique!), un tournage international, 13 000 figurants, un film épique qui s'appellera Liberté....Bref, le réalisateur-producteur-acteur (parce que bien entendu, monsieur s'occupe de tout) voit haut, très haut! Normal pour celui qui se rêve en Président du Festival de Cannes, incessamment sous peu!

On va donc suivre le jeune homme aux dents longues lors des diverses tribulations et étapes nécessaires à l'élaboration du modeste projet (à noter qu'essayer de vendre le projet aux ricains en ayant une maîtrise de l'anglais sensiblement égale à la mienne, et donc proche du néant, c'est une sacrée gageure....). Le financement, le casting, la production......pas de soucis, le mec est confiant, c'est un chef d'oeuvre! Et ce qui résulte de tout ça c'est la grande franchise de l'être humain car, parmi ses futurs ex collaborateurs éventuels ou ses amis, pas un pour lui dire que, bein finalement, son projet, c'est de la merde! (Ca sert à quoi, les amis du coup?). Alors certes, l'espoir fait vivre.....mais bon, en attendant ça fait 6 ans qu'il est sur le chantier le garçon, et ces cons continuent à l'encourager! Alors au milieu de ce marasme, surgit enfin la voix de la raison à travers le franc parler du grand-père de Ludovic, sans doute le moment le plus intéressant du film où deux mondes s'affrontent! Le monde brut de brut du grand-père, avec une pensée à l'ancienne où la valeur travail à un importance proportionnelle à son manque de diplomatie (faut voir comment il l'envoie chier son petit fils, mais au fond, n'est-ce pas parce qu'il l'aime énormément) et le monde artistique du petit-fils, sacré bal des faux culs, qui le fait persévérer dans ses conneries...

Le problème, c’est lorsque les gens nous... me demandent “C’est quoi comme projet ? Qui l’a écrit ?” C’est moi. “Vous êtes qui, vous ?” Ludovic Di Andolfo. “Qui va produire ce projet ?” C’est moi. “Et vous êtes qui, vous ?” Ludovic Di Andolfo. “Et qui interprétera le personnage... un des personnages principaux de ce projet ?” Moi. [...] Ce projet, je le mettrais sur les écrans et ça fera une des plus grandes fresques cinématographiques que le monde du cinéma ait pu connaître. Un projet inoubliable. J’entends par inoubliable le fait que dans quinze ans on se dira : “Punaise ! Tu te rappelles ? Tu te rappelles quand on est allé voir Liberté ? C’est hallucinant, quoi. Je crois que je suis allé le voir trois fois, le film. Trois fois de suite. Je crois qu’un film m’avait jamais autant marqué que celui-là.” C’est ambitieux. Tout simplement.

Vous l'aurez donc compris, la mégalomanie de Ludovic l'emporte sur tout et le personnage a tout pour être détestable ! Oui mais voilà, il y a une chose qui le sauve et pas qu'un peu, c'est son âge (24ans)! Et ce qui pourrait être affreusement méprisable et détestable; une fois la trentaine atteinte, peut encore passer pour la fougue naïve de la jeunesse et nous le rend parfois attachant (pas toujours, faut pas déconner non plus) parce que quand on y réfléchit, on a tous eu du Ludovic en nous à un moment ou un autre de notre jeunesse et si on rencontrait notre double à 20 ans, on serait quelques un à se dire : "mais putain, quel con j'étais à l'époque!. Ca s'appelle la maturité je crois.....

Film disponible:

https://www.youtube.com/watch?v=DDNf2X6RJ3A