Quelle claque. Une vrai leçon de cinéma. "Before the devil knows you're dead" ramène ses lettres de noblesse au polar, en y mêlant une tragédie familiale que Shakespeare n'aurait pas renié. D'un point de vue technique, le film démontre toute la maturité, l'expérience et la sagesse de Sidney Lumet en matière de mise en scène. Plans très travaillé, découpage morcelé qui sert le récit pour mieux en gérer ses divers climaxs. La direction d'acteurs est exemplaire. Outre le fait de savoir si bien s'entourer (le couple Seymour-Hoffman et Hawke marche à merveille), on sent que Lumet a pris son temps derrière la caméra, et a permis à ses acteurs de pleinement s'exprimer dans des scènes au pouvoir émotionnel très fortes. En découpant le récit en diverses unités de temps et de lieu différentes, chacune centré sur un personnage, le réalisateur ne fait que renforcer l'implication émotionnelle du spectateur au récit. Rendant un polar plutôt sombre aux protagonistes désenchantées, en une introspection intimiste dans le quotidien d'américains urbains contemporains, qui sentent leur vie leur échapper. C'est là également qu'il faut saluer le travail remarquable du scénariste qui prouve avec ce premier récit tout son talent. Une façon de peindre une certaine Amérique en pleine perte de repères, qui n'aurait rien à envier à Bret Easton Ellis selon moi. Remarquable.