Étonnant, c’est le mot qui vient sans cesse à l’esprit au visionnage de ce film. Qu’on puisse avoir tant d’ambition, tant de moyens, et qu’il en résulte cette petite chose inégale et, finalement, bien fade.
Brad Bird est un cinéaste qu’on peut vouloir suivre, du jubilatoire Indestructibles au plutôt réussi opus 4 de Mission : Impossible, il sait conjuguer l’action à un sens visuel certain, avec une efficacité qu’on retrouve parsemée ici et là dans Tomorrowland.


On saura aussi gré au réalisateur et à Disney d’avoir le courage de proposer un nouvel univers dans le sentier balisé et aseptisé des franchises à répétition. Evidemment, l’autoréférence à ses parcs d’attraction ne brille pas par son originalité, mais pourquoi pas… Le principal atout de son film est d’avoir à faire l’exposition d’une terra incognita de la SF, même si les influences sont nombreuses dans cette sorte de rétrofuturisme plutôt sympathique. Si l’on égrène quelques séquences, comme celle du décollage par extraction de la tour Eiffel, des diverses méthodes de blocage de la maison de Clooney face à l’intrusion ou de la présentation en plans séquences d’une belle fluidité de Tomorrowland par le biais d’un métro aérien, les qualités du film sont nombreuses, voire sa propension à susciter l’admiration ou l’émerveillement dont il parle tant.


Dès lors, d’où vient le problème ? Précisément de ce qui faisait a priori sa force : la découverte d’un nouvel univers. Les gars, ils sont tellement fiers de leur dimension parallèles qu’ils n’en finissent pas de différer le fin mot de l’histoire. Ce qui nous fait bien 1h40 de private joke entre des initiés et une ado hyper intelligente qui ne cesse de poser des questions, (tu l’as saisie, ma mise en abyme overlourde du spectateur ?) auxquelles on répond par des mystères plus obscurs encore. Même la droïde fait semblant de se disjoncter pour ne pas répondre. Le résultat ne se fait pas attendre, les gamins ont disjoncté de concert (et le film lui-même, d’ailleurs, qui a sauté plusieurs fois, je vous dis, c’est un complot).


La démesure visuelle ne parvient pas à suffire en matière d’attention : il faut une substance, et ce n’est pas les micro idées, comme cette boule qui fige le temps, ou cette sous intrigue en référence à A.I qui y changeront grand-chose. Tomorrowland s’effondre sous son propre poids sans propos, noyé qui plus est dans un montage particulièrement confus pour le jeune public.


Reste le sentiment d’un certain gâchis, d’autant plus regrettable qu’on se serait bien vu avoir une tendresse pour cette fable plastiquement séduisante mais inepte.

Sergent_Pepper
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le 5 oct. 2015

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Sergent_Pepper

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